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Bitcoin, ah ah ah ! Ahem.


Tout va bien

L'existence du Bitcoin (BTC, ฿) a été révélée au grand public par la faillite de Mt.Gox, l'un des principaux exchanges permettant d'échanger des Bitcoins contre des dollars US et inversement. Le taux ayant baissé à $450 au lieu du record de $1000 en novembre dernier, d'aucuns ont annoncé la fin de cette monnaie en oubliant un peu vite qu'elle ne valait que quelques dollars naguère.

Il ne s'agit bien sûr que d'une péripétie où une sorte de banque met la clef sous la porte, pas d'un Armageddon généralisé pour le monde des cryptodevises. Celles-ci ont de très bonnes raisons de perdurer car elles jouent pour l'Internet le rôle d'un moyen de paiement en voie de disparition, l'argent liquide.

Bitcoin procède d'une idéologie libertarianiste qui vise à ôter le plus possible de pouvoir économique aux états en faisant frapper monnaie par des réseaux P2P sur lesquels n'importe qui peut miner avec son propre ordinateur, et à rendre l'argent à nouveau anonyme pour limiter les possibilités de contrôle de son utilisation. Son caractère spéculatif colle bien à cette idéologie où la prise de risque financier mérite une récompense sans limite. Toujours dans le but de favoriser la spéculation, le Bitcoin est déflationniste, le nombre d'unités étant volontaimement limité à 21 millions ; ce chiffre sera atteint vers 2140.

Tout va mal

C'est là que les choses se compliquent. J'ai parlé de cryptodevises, au pluriel. Les clones de Bitcoin se multiplient. Certains se veulent de réels concurrents comme Litecoin (LTC) ou Primecoin (XPC). D'autres sont de simples gags, comme Fellatio (BLO), dont l'un d'eux, Dogecoin (DOGE), a accédé par surprise au rang de monnaie cotée. Sur 600 créées, il en existe aujourd'hui 400 en activité dont une quinzaine peuvent être échangées contre des BTC à des taux variant entre 0,02 et 0,001. L'antériorité de Bitcoin lui apporte la reconnaissance médiatique, d'où sa valorisation. Cela ne durera qu'un temps.

Le code, l'implémentation des algorithmes faisant fonctionner ces monnaies virtuelles, est presque toujours dérivé de celui de Bitcoin, qui est naturellement open source. Naturellement parce qu'en matière de cryptographie, le code doit pouvoir être revu et contrôlé afin de valider son fonctionnement. Pour un clone, il vaut mieux partir d'une base solide et n'en changer que le strict minimum afin d'éviter tout risque de baisse du niveau de la sécurité et donc de la confiance.

On voit que les cryptodevises qui ne font pas trop n'importe quoi à ce niveau sont équivalentes dans l'absolu. Parmi celles-ci, certaines vont se dégager du lot, surtout pour des raisons marketing, ou peut-être parce qu'une valeur ajoutée (un peu plus sexy que de trouver des sextuplets de nombres premiers) y sera associée. En conséquence, le nombre d'équivalents-BTC se multipliera, le principe déflationniste volera en éclats et les cryptodevises s'effondreront.

Et après ?

Nombreux seront ceux qui trouveront cela dommage. Ceux pour qui le Bitcoin représente une victoire dans leur combat idéologique. Ceux qui auront stocké des Bitcoins. Ceux qui montent actuellement des datacenters bourrés d'ASIC dédiés au mining en Islande ou en Suède. Ceux qui transfèrent internationalement de l'argent à peu de frais. Ceux qui ont besoin d'acheter ou de vendre discrètement de la drogue ou des armes et, en général, tous ceux pour qui le principe du cash virtuel est réellement pratique, tellement qu'il ne peut pas totalement disparaître.

Les monnaies traditionnelles sont toujours garanties par un ou des états qui en contrôlent le volume émis et qui s'engagent à les racheter au besoin. C'est une des bases de la confiance qui établit leur valeur faciale et qui permet au public de les utiliser au jour le jour.

A contrario, c'est le code implémentant les algorithmes et gérant la communication qui garantit la valeur faciale des monnaies cryptographiques, mais on vient de voir que cette seule garantie n'était pas suffisante. Il faut un facteur extérieur équivalent à l'autorité des états. Or ceux-ci ne sont pas prêts à lancer leurs propres monnaies virtuelles, comme le montre le récent communiqué de la Banque de France, alors que d'autres acteurs se préparent sûrement à se placer dans les starting-blocks.

Google, eBay, Facebook, Yahoo... Le poids économique de ces entités commerciales dépasse de loin celui de nombreux pays fondés à battre monnaie. Pourquoi hésiteraient-elles à conforter leur pouvoir ? Le moment venu, elles s'appuieront sur leur puissance financière pour garantir chacune leur propre moyen de paiement. Celui-ci serait toujours virtuel, toujours fondé sur des algorithmes cryptographiques, et il pourrait même rester décentralisé et P2P. La compagnie lui fournirait un petit quelque chose en plus, peut-être inhérent au code mais pas forcément, comportant en tout cas un éventail d'actions destinées à inspirer confiance comme l'achat massif de devises afin de soutenir le cours : rien que de très classique dans ce domaine.

Cet accaparement de la monnaie par des sociétés commerciales représentera la dernière étape du processus actuel de discrédit des états, qui crée un vide où s'engouffrent les acteurs privés. Le libertarianisme nourri des préceptes d'Ayn Rand vise à détruire l'État, vu comme le mal absolu, au profit de l'individu ; mais en fait seuls quelques-uns des individus en profiteront réellement et les vraies gagnantes seront les corporations.

mpd

Vous le savez, tout le monde le sait, un CD ne vit pas très longtemps. 20, 30 ans ? 100 ans au maximum, paraît-il, mais en conditions optimales, c'est-à-dire stocké dans un endroit dont l'hygrométrie et la température y sont strictement contrôlées. La seule solution, hors le vinyl ? Les sauvegardes, de disque en disque...

J'ai donc commencé à ripper tous mes CD (une vingtaine sont en fait déjà morts) en vue de les coller sur un serveur. Cela s'appelle un media center. Oui, je sais, ça existe depuis longtemps, sur tous les systèmes d'exploitation, et on peut ainsi distribuer chez soi tant de la musique que de la vidéo, mais je ne m'y étais pas attaqué pour plein de raisons. D'abord, la flemme, mais pas que. Un ordinateur ronronnant en permanence dans le salon ? Et puis quoi encore ?

C'est quand le Raspberry Pi est sorti que le concept a pris forme. À l'origine, je n'en ai pris un que pour l'intégrer sur mon pedalboard en tant que pédale d'effet, ce qui est en effet le cas aujourd'hui (on en reparlera plus tard). Mais l'idée faisait son chemin et j'ai continué à ripper/encoder en FLAC tous mes CD, enfin le plus possible : actuellement, 350 sur 500. Tout est mis sur un disque à part connecté à un vieux Linksys NSLU2 (le même que celui du Slab et du Slampler) sur lequel tourne un serveur NFS et où se trouvent déjà mes sauvegardes.

Ensuite, l'application. Il suffisait dans un premier temps de prendre un logiciel reconnu, tout en un, de connecter le RPi à la télévision par HDMI, de tester avec quelques albums stockés en local, puis d'étendre le système par un serveur de fichiers distant, une carte son externe, un petit écran dédié, une télécommande, etc.

XBMC

XBMC était le choix logique. Un logiciel maintenu avec une grosse communauté d'utilisateurs, un forum actif, tout qui va bien, on essaye, d'autant plus qu'un port spécifique existe pour le Raspberry Pi : raspbmc.

Et ça marche presque bien dès le départ, en effet. Il faut simplement configurer un peu le système en faisant monter le volume NFS par /etc/fstab et régler différents paramètres dans l'interface utilisateur. Le son passe par le câble HDMI donc chez moi sur la télévision. Dégueulasse, évidemment. Pas grave, on passe à l'étape suivante, la carte son externe, en commençant par une Behringer à pas cher.

Mais XBMC ne reconnaît pas la carte-son, car XBMC ne supporte pas ALSA.

A priori, on peut comprendre : moi aussi, j'ai du mal à supporter ALSA. Par exemple, je ne comprends toujours pas les détails de son architecture après avoir écrit un player de samples et une pédale d'effets. M'enfin... c'est quand même dommage pour un logiciel multimedia sous Linux de ne pas s'appuyer sur les couches standard sous-jacentes. Je ne sais pas très bien ce qui s'est passé en 2013 mais le support de pulseaudio a été abandonné sans penser qu'il eût été bien vu de conserver des fonctionnalités de base comme l'indépendance vis à vis du matériel. Il en existe des versions appelées omxbackport utilisant OpenMAX (quelle bonne idée, personne ne s'en sert sous Linux), censé rendre la carte USB visible dans l'interface. Sauf que non, alors il faut tweaker la conf ALSA (?) et inhiber le chargement d'un module noyau (!) pour que la carte son soit utilisée en lieu et place du DAC interne à base de PWM 1 bit. Apparemment, certains y arrivent. Moi je n'ai réussi qu'à aiguiller le son de la télé vers la carte son pendant 10mn, complètement par hasard, avant plantage. Impossible de retrouver les bons réglages ensuite.

Bref, XBMC c'est de la merde.

J'aurais peut-être pu mieux me débrouiller, et puis il existe des forks paraît-il mieux foutus comme Plex, mais en fait il n'y a pas que ce souci-là. La gestion des vidéos ne m'intéresse pas vraiment alors que c'est un point fort du logiciel, et surtout sa conception monolithique me gênait de plus en plus.

Alors que je commençais à en avoir vraiment marre de passer des heures à chercher une solution à ce qui devrait être un non-problème, je me suis demandé comment je ferais, moi. Après tout, je connais l'API ALSA, coder un système de liste et de sélection des morceaux n'a rien de difficile... C'est l'articulation entre les deux qui pose un problème d'architecture. Derrière l'interface utilisateur, la gestion technique des flux audio s'effectue en arrière-plan, ce qui oriente tout de suite vers un démon (ou un thread, mais mes interdits religieux restent bien trop contraignants dans ce contexte applicatif), communiquant par socket avec le front-end. Ce qui m'a fait penser à quelque chose...

Music Player Daemon

Cela existe, évidemment. mpd, repéré au cours de pérégrinations dans les packages Debian, d'abord écarté car pas assez tout en un et d'un abord peu engageant, mpd, donc, s'avère après réflexion parfaitement adapté. Le démon fait son boulot discrètement. Il gère tous les formats de fichiers ainsi que la carte son (par ALSA, heh). Une pléiade de clients, comme Sonata et GMPC sous Linux ou MPoD sur iPhone, permet de contrôler la lecture à distance autant qu'en local. Il suffit de leur donner l'adresse IP du serveur et ça juste marche.

Dernière étape... non, avant-dernière. L'écran pour se débarrasser de la télévision quand on lance un client en local. Un projet de petit écran HDMI financièrement accessible existe sur Kickstarter ; en attendant, les moins chers des écrans de recul pour voiture font 4"3 de diagonale, soit la taille d'un smartphone, et coûtent dans les 20 €, mais il vaut mieux prendre un 7" comme celui-ci car l'interface composite rend difficile la lecture des petits caractères.

Enfin, il ne restera plus qu'à greffer un capteur infrarouge aux broches du connecteur GPIO du Raspberry Pi pour commander la sélection des morceaux en local à la place de la souris actuelle.

Et les CD, et leur lecteur, iront se faire oublier à la cave.

Consonnes

Reprenons un précédent article où il était question de Keith Richards et du rôle des voyelles dans les paroles, et qui se terminait par ces lignes :

...il faut aussi porter une attention supplémentaire aux consonnes, plus nettes en français, selon que le son doit être coulant ou percussif ; mais après l'étape des voyelles.

Euh... pas vraiment, en fait. Qui a bien pu écrire ça ?

L'expérience, mes jeunes amis, me souffle maintenant à l'oreille que les consonnes sont au moins aussi importantes que les voyelles. On pourrait penser que la question se pose moins en anglais qu'en français pour des raisons de fluidité générale de la langue, et pourtant... Délaissons un instant ce bon Keith qui nous pardonnera sans peine puisqu'en guise d'exemple, voici une chanson de Chuck Berry.

Tout le monde connaît Maybellene, son premier hit en 1955. En fait, tout le monde en connaît le refrain. Personne ne fait attention aux couplets alors qu'ils sont exceptionnels, pas spécialement par la profondeur schopenhauerienne du discours, mais bien par leur forme, par cette succession de syllabes s'enchaînant sur un tempo de mitraillette. Chaque consonne sert de petit tremplin pour sauter vers la suivante.

Le sujet lui-même semble évident : la belle infidèle ne se laisse pas rattraper. Chuck Berry a écrit de bien meilleurs textes (Memphis Tennessee, chef-d'œuvre) ; il se contente ici de répéter à la Maybellene en question qu'elle n'est pas sincère tout au long du refrain. Les paroles du couplet parlent, elles, des voitures lancées à toute blinde sur une route de campagne. Mais ce n'est qu'une pièce du puzzle qui n'a en soi rien d'essentiel ; comme si des paroles pouvaient être essentielles. On ne fait pas dans la poésie, ici, vous l'aviez peut-être déjà remarqué.

Voici l'essentiel. Sur le couplet, les paroles, la diction, le phrasé, le ton de la voix et le tempo forment un tout, un ensemble homogène où Maybellene n'est qu'un simple prétexte, où seules comptent les bagnoles de la course-poursuite et leurs moteurs à fond de compte-tours.

Le texte utilise bien sûr les techniques habituelles comme l'allitération, etc. La voix exploite ce texte au maximum, sa succession de syllabes à plein régime, ce steeple-chase où les consonnes forment les haies. Essayez donc sans trébucher.

Le doo-wop n'est pas la référence ici. C'est l'héritage du scat, cette musique qui se sert de la voix comme d'un instrument de percussion, qui est invoqué. Les consonnes délimitent les syllabes, leur donnent uns forme, anguleuse ou arrondie, alors que les voyelles leur donnent une couleur. Le phrasé met le tout en mouvement par l'agrégation des syllabes, leur accentuation, leur position sur le temps ou à côté, leur attaque. Pas grand-monde chez nous n'exploite correctement ce concept - encore faudrait-il seulement y songer - et qui a retenu la leçon de James Brown, qui a poussé à l'extrême le concept de voix-percussion ?

Bizarrement, les rappeurs français n'en ont eu qu'une notion floue, eux qui sont censés avoir été nourris au funk. Rares sont ceux qui ont le flow même si ça s'améliore. Joey Starr, oui. Il projette plus qu'il ne découpe, ses rugissements appartiennent au domaine des voyelles, mais qu'il tombe sur une consonne et il s'en sert comme d'une batte de base-ball, bien calé sur le tempo pour cogner plus fort. Booba est un parfait crétin, une petite ordure ridicule, mais il a compris comment placer les syllabes par rapport au temps, dessus, en avant ou en arrière. Accessit décerné à Sefyu. Les autres... passent leur temps à se regarder la bite en écrivant des textes d'une extrême importance... pour eux, dégoisés avec non moins d'importance... Sinik, Sexion d'Assaut ? Non, pitié.

Il y a un mal français, plus que francophone, qui consiste à considérer le texte d'une chanson comme une fin en soi, se suffisant à lui-même ; à ignorer l'articulation des paroles sur le rythme et la place des consonnes dans cette articulation, la dynamique qu'elles engendrent. Au pire, la musique sous-jacente n'est que prétexte à déclamations sentencieuses, et je ne parle pas que de Benjamin Biolay. Si des syllabes ne collent pas au rythme, elles sont conservées au lieu d'être plus ou moins accentuées, tordues, changées, voire supprimées.

Les exceptions existent pourtant. Rares. Un manchot aurait assez de doigts pour compter les vivants reconnus. Faisant le deuil d'un Chuck Berry ou d'un Elvis Presley français, en se limitant à ceux qui savent exploiter la langue et ses articulations, viennent à l'esprit Francis Cabrel (si : écoutez), Jacques Higelin, Catherine Ringer et Bertrand Cantat. J'exagère, bien sûr. Il y a eu des demi-célébrités, quelques Canadiens, et aussi des gens dont je n'ai vraiment pas envie de parler. Élargissons aux morts et on y gagne au moins Alain Bashung ; et à l'ultra-confidentiel d'il y a 30 ans comme les frères Tandy des Olivensteins et Joe Hell chez Oberkampf (et après, mais toujours dans la plus stricte confidentialité). Bref, pas de quoi irradier l'inconscient des jeunes générations, ni créer des réflexes d'écriture et de phrasé.

Autre possibilité : tant mâcher les paroles qu'elles en deviennent méconnaissables, faire disparaître les consonnes pour retrouver un phrasé proche par certains aspects de l'anglo-saxon. C'est l'option peu fréquente choisie par les Coronados dans le temps (chez qui se faisait sentir l'influence d'Asphalt Jungle) et aujourd'hui par Adrien de Zero. Lui a tout pour sortir de cet underground. On verra s'il réussit en plus à créer une école mais j'en doute, car le sacro-saint texte devient moins compréhensible, aïe ! Quel sacrilège !

On dit souvent que le français n'est pas une langue musicale, contrairement à l'anglais ; prétexte habituel de chanteur anglophone dans un groupe français.

Foutaises.

À ce compte, l'allemand n'est pas une langue musicale car elle est remplie de consonnes spécialement rugueuses. Mozart en rigolerait bien, lui avant qui on ne chantait qu'en italien. Inversement, il suffit de suivre la traduction anglaise d'un livret d'opéra pour démontrer que l'anglais n'est pas une langue musicale.

Une langue est un instrument, un outil, qu'il faut savoir manipuler, dont on doit connaître l'architecture, le fonctionnement interne, les particularités. On doit ensuite en jouer et, malheureusement, c'est du boulot. Il faut s'accrocher, essayer, rater, analyser la cause du ratage, se former de nouveaux réflexes de prononciation, comprendre comment fonctionne un autre outil analogue pour adapter le choix des mots, du phrasé... Adapter, car une transposition directe est vouée à l'échec tout comme le serait une traduction mot à mot. Mais si on donne un outil, quel qu'il soit, sans son mode d'emploi, à un novice qui ne cherche pas à en comprendre le fonctionnement, les choses ne peuvent qu'aller de travers. C'est aussi vrai de tout instrument, de toute langue. Il n'existe pas de langue inadaptée à la musique, il n'y a que des gens qui ne savent pas s'en servir.

Despiker & Satana

Le Despiker est un petit plugin LADSPA. Il ne marche pas tout le temps. Il est même possible que la différence soit peu audible pour certains.

C'est normal. Le problème est complexe. Le besoin n'est pas moins courant : la récupération d'enregistrements où des saturations numériques ponctuelles brouillent l'écoute. Le Despiker fonctionne assez bien dans ces cas-là.

Il ne convient pas du tout à d'autres cas de distorsion. Un signal saturé sur une période plus longue que quelques dixièmes de seconde reste saturé et le filtrage opéré le dégrade encore de manière apparemment aléatoire. Quand c'est le micro qui sature au départ, les mouvements de la membrane provoquent des interférences sur une plage de fréquences beaucoup trop large et avec une amplitude trop faible pour qu'elles puissent être détectées et atténuées. Hormis ces cas de figure, en se restreignant à celui de la pure saturation numérique, ce plugin a son utilité. Et une autre, aussi, découverte par hasard, mais voyons d'abord son fonctionnement.

Le principe consiste à appliquer un filtre passe-bas uniquement sur les parties de l'onde qui dépassent une valeur donnée, celle-ci étant déterminée par la pifométrie la plus rigoureuse. Ce filtre repose sur une matrice de convolution à une dimension dont les coefficients ont été déterminés avec la même rigueur méthodologique que la valeur du seuil (à vrai dire, il existe des séries de valeurs optimales).

Quant à l'algorithme, il est constitué de trois étapes.

  1. À chaque fois que le signal passe par zéro, et donc qu'il change de signe, cette position dans le flux est stockée pour pouvoir y revenir par la suite.
  2. Quand l'intensité du signal dépasse le seuil, un indicateur est mis à 1.
  3. Dès que le signal repasse par zéro, et si l'indicateur est positionné, il est réécrit depuis le point de repère précédent, en y appliquant la matrice de convolution qui a tendance à gommer les détails et donc les hautes fréquences.

Les plateaux créés par une saturation numérique verront leurs angles arrondis et pourront même disparaître s'ils sont étroits. Petite démonstration en images pour un cas un peu extrême :

Avant (extrait)

Après (extrait)

Et pour un signal moins saturé :

Signal d'origine, non traité

Signal traité par Despiker

J'ai découvert accidentellement une autre utilité à cet algorithme. Sur une piste « propre », c'est-à-dire sans saturation, mais où figurent aléatoirement des pics n'ayant rien à voir avec la dynamique de la musique, on ne peut pas normaliser à 0 dB de manière efficace. Les pics doivent être fastidieusement retouchés à la main pour arriver à un niveau global décent. Ce programme les gomme automatiquement et sans toucher au reste. L'effet est insensible quand des pics isolés sont traités. On peut ensuite amplifier la piste à environ 1 dB de plus par rapport au niveau d'origine.

Ce comportement fait tout de suite penser à celui d'un compresseur/limiteur. Et c'en est un, finalement, bien que primitif et d'une utilité très limitée. Il est toujours possible de relancer le cycle plugin + amplification mais au risque d'impacter de plus nombreuses parties d'ondes et donc de rendre le traitement audible.



Ce qui peut être intéressant, à condition d'appliquer le même principe d'une manière un peu différente dans un autre contexte. C'est tout l'objet de Satana (Saturation Analogique), qui dérive du Despiker. Le signal y est traité indépendamment d'un quelconque seuil, mais sur chaque point du signal proportionnellement à l'amplitude de ce point. Un signal faible est laissé quasiment tel quel alors que les échantillons proches de la saturation passent entièrement par le filtre passe-bas.

L'évolution du mix entre le signal brut et le signal traité peut être linéaire ou suivre une fonction quelconque du moment que f(0)=0 et f(1)=1 ; par exemple, j'aime bien sin(x*π/2) en ce moment.

Le résultat, qui dépend des coefficients de convolution et de la fonction d'application du filtre, ressemble de loin à une saturation analogique. Je voudrais arriver à celle d'une bande de magnétophone dont les VU-mètres sont calés dans le rouge. Idéalement, la fonction choisie devrait représenter le comportement de la bande quand on la pousse dans ses retranchements. Il est malheureusement très difficile, voire impossible, de trouver des exemples pertinents de l'évolution du spectre d'un signal au fur et à mesure qu'il sature une bande magnétique et il faudrait donc mettre en place un banc d'essai avec un Revox (quand j'aurai moins la flemme). Pour l'instant, il donne un son plutôt proche d'un ampli aux lampes rincées.

Bah. Satana fonctionne assez bien pour mes besoins, même s'il est ralenti par cette fonction d'application du filtre.

Satana peut aussi servir à récupérer une saturation numérique (un étage asymétrique pour les harmoniques paires suivi d'un symétrique pour les impaires) en la transformant en distorsion simili-analogique, dans les cas où on veut, pas forcément le son d'origine, mais un son, au sens de « un son particulier ». Le filtre passe-bas contrôlé par les 2e et 3e paramètres du plugin remplace celui du Despiker en plus progressif.

Je m'en sers surtout comme compresseur. L'altération du son, réelle et audible, n'est pas désagréable quand on cherche plus l'efficacité que la haute-fidélité, sans l'effet de « pompage » des compresseurs habituels quand ils sont poussés à bloc.

Reprenons le deuxième exemple de traitement par Despiker, cette fois en appliquant Satana avec comme paramètres

  • Compression = 1 (une seule itération de la compression)
  • Sélectivité = 2.2 (pas mal de points seront traités)
  • Efficacité = 25 (nombre maximum de coefficients, donc très filtré)
  • Volume = 1 (inchangé... mais le volume perçu sera plus élevé).


Signal d'origine, non traité

Signal traité par Satana (C=1, S=2.2, E=25, V=1)

Si on pousse le premier paramètre, qui contrôle le nombre de fois que l'on applique la fonction de compression, la distorsion devient extrêmement perceptible au point de devenir un effet en soi. Le résultat n'est pas désagréable sur une guitare mais c'est tout ; la plupart des pédales d'overdrive de base sont bien meilleures. Il serait possible de l'améliorer en ajoutant un autre étage de saturation asymétrique et surtout en travaillant l'équalisation avant l'effet, mais ce n'est pas le but de la manœuvre.

Les deux plugins tournent sous Linux, sans problème avec Audacity ou Mplayer. En revanche, avec Ardour, une friture bizarre apparaît, peut-être due aux denormals, peut-être due à la nature « temps réel » de cette application. Cela dit, Mplayer traite le flux audio un peu de la même manière qu'Ardour sans que les symptômes apparaissent, et le plugin débarrassé de tout le code de traitement provoque le même phénomène dans Ardour.

Un binaire de Satana existe pour MacOS X mais reste expérimental pour l'instant faute de disposer d'une plate-forme de compilation stable. Quant à Windows, rien n'est prévu hormis quelques #includes. Une bonne âme pourra toujours forker le repo Github et tripoter le Makefile... Avis aux amateurs.

Eschatologie

Le capitalisme fonctionne durablement en tant que système parce que ceux qui jouent le jeu s'y retrouvent statistiquement. Si on investit dans des entreprises, il est assez probable qu'on y gagnera assez en moyenne pour inspirer d'autres investisseurs potentiels : la confiance de ceux-ci provient de la fréquence des succès constatés autour d'eux.

Dans ce système, donc, pas de stagnation possible sous peine de perdre la confiance des investisseurs qui ne rentreraient plus si souvent qu'avant dans leurs fonds. Le moteur du capitalisme est la croissance, qui signifie produire plus (et de façon plus rentable) pour satisfaire une consommation également croissante. Quantitativement, une moyenne de 3% de croissance par an semble représenter chez nous un minimum pour assurer une activité économique considérée comme saine ; c'est du moins ce dont la presse nous rebat les oreilles tous les jours. Ce chiffre peut d'ailleurs varier selon les pays, comme en Chine où 8% sont actuellement vus comme un minimum en dessous duquel une crise sociale pourrait apparaître.

Glissons sur les amusants calculs d'intérêts composés qui, pour 3% de croissance par an, donnent 1921% sur un siècle.

Ce moteur a bien entendu besoin de carburant... au sens propre. Il faut de l'énergie et des matières premières pour fabriquer des produits finis et les distribuer.

Jusqu'ici, rien de remarquable. J'imagine qu'on apprend ces choses en première année d'économie. Mais ajoutons une autre donnée : les ressources naturelles ne sont pas inépuisables. On commence à s'en apercevoir puisqu'aucune découverte majeure en matière de pétrole n'a eu lieu depuis 30 ans alors que la production du gisement de Ghawar, par exemple, plafonne. L'exploitation des sables bitumeux détruit des milliers de kilomètres carrés au Canada, le fracking au Texas pollue irréversiblement les nappes phréatiques et le forage en eau profonde a fait la preuve de sa dangerosité ; l'Océan Arctique et la côte guyanaise n'ont qu'à se bien se tenir.

Le jour où Ghawar ralentira sa production sonnera le glas de la société telle que nous la connaissons. Le moteur n'aura plus assez de carburant. Aucune source d'énergie n'est aussi efficace et pratique que le pétrole. Le nucléaire ? Il dépend de stocks d'uranium qui sont limités, comme les autres minerais, et l'époque où le Niger nous en faisait pratiquement cadeau est terminée ; de toute manière, Fukushima a changé la donne dans l'opinion publique et, au fait, attendons de voir ce qui sort de l'unité 3 de Daiishi avant de parler de la filière MOX. Les éoliennes et les panneaux solaires sont fabriqués à partir de ressources tout aussi limitées.

Cette pénurie annoncée vaut pour toutes les matières premières. Les estimations de réserves de nombreux métaux ne dépassent pas quelque dizaines d'années au rythme de consommation actuel (mais la Chine arrive).

Cher lecteur, l'écran plat sur lequel tu lis ces lignes nécessite de l'indium, et il n'y en aura plus dans 15 ans. Comprenons-nous : il y en aura encore, mais plus du tout au même prix. D'ailleurs, plus rien ne sera au même prix.

Tout ce qui fait fonctionner notre société sera plus cher et du coup tout ce dont nous avons besoin, et le reste, sera plus cher. Nous nous retrouverons donc en situation d'inflation massive, continue et irréversible et il ne sera plus question d'investir puisque l'hyperinflation dévorera tous les gains potentiels.

La seule bonne nouvelle est que la Terre est probablement sauvée à moyen terme car l'énergie dépensée et les polluants dispersés iront en diminuant.


Je ne prétends pas qu'il n'existe aucune issue ; j'aimerais trouver une piste en ce sens. J'aimerais entendre d'autres arguments que « on trouvera toujours une solution » de la part de gens qui gèrent les risques d'une toute autre manière dans leur vie professionnelle. J'aimerais, assez égoïstement, que la fête continue pour moi, mon entourage et mes descendants.

Mais notre société moderne a été enfantée avec une capsule de cyanure dans le ventre. La coque en est presque dissoute.

Junk Guitar

En guise de suite au post sur le Diddley Bow, et parce qu'après tout on peut avoir besoin de six cordes sur une guitare...

J'ai trouvé sur eBay un manche d'électrique à 40 euros, il y a quelques mois de cela, du pur made in China avec un diapason Fender, un radius assez standard, un profil plutôt agréable, un bois ok, pas totalement brut mais vernis d'une seule couche fine (un chiffonnage), seul le métal des frettes étant d'une qualité discutable d'après Greg de DNG. Je le destinais à un projet de rénovation par ailleurs mais l'occasion fait le larron : je l'embarque en vacances pour une semaine, le temps de construire un instrument autour. La caisse ? Le cordier ? Le chevalet ? On verra sur place.

Il faut aussi des mécaniques. Un jeu de récupération fera l'affaire, en fait un assemblage hétéroclite de trois paires de vieilles mécas en ligne.

Les deux photos suivantes ont été prises avec un phone pas smart, d'où l'intéressant effet de floutage presque digne de Hamilton. L'aspect documentaire ne saurait éclipser une âme d'artiste qui... non, rien.

Pose des mécaniques

En attendant de trouver la caisse, on place les mécaniques et, petit souci, les trous des vis au dos de la tête ne correspondent pas. Le décalage fait parfois plus d'un millimètre. Il faut boucher ceux qui se trouvent presque à cheval sur les trous des mécanigues avec des petits éclats de bois pour que les vis entrent droit.

Par ailleurs, je cherche toujours une caisse... N'importe quoi, un bidon en métal, un jerrycan en plastique, une caisse en bois... Chou blanc. Les seuls bidons trouvés sont beaucoup trop souples même si la caisse doit être renforcée de toute manière. Je finis par dénicher une de ces valises d'électricien en alu sur bois de cagette. Ça ira, en passant un temps pas possible à gratter la mousse de l'intérieur qui assourdirait toute velléité de résonance.

Une petite boîte à thé (Hédiard, mazette) traîne par terre dans un coin. Je la déplie en séparant le fond, avec des pinces, puis je replie le bord sur 1mm pour qu'il ne tranche pas. Six petits trous au milieu, là où la feuille de métal sera pliée en deux, et voilà pour le cordier.

Quant au chevalet, j'ai déjà repéré une lame de couteau cassée. Il suffit de frotter le bord du haut contre une pierre pour en arrondir les arêtes, le côté de la lame allant se ficher dans un support. Tiens, justement, un bout de vieille rampe d'escalier en acajou, scié aux bonnes dimensions, par exemple, ça peut le faire.

Il faut renforcer la caisse et fournir un support un peu solide au manche. Un pied de lit d'enfant a presque la bonne taille, une traverse un peu bricolée complète le renfort. C'est donc là-dedans qu'on visse le cordier et le manche, le plus droit possible.

Valise et armature

Le montage des cordes est fastidieux parce qu'il faut les enfiler par le côté du cordier pour viser les petits trous. Elles sont passées dans les mécaniques et tendues au minimum pour poser le chevalet. Qui s'avère trop haut (scié à la bonne taille, tu parles) et qu'il faut reprendre. Une heure plus tard, tout est assemblé, cordes tendues, chevalet ajusté puisqu'il est flottant ; premiers essais.

Le manche se retrouve en fait un poil de travers, quasiment rien, mais quand même, ce qui fait que les cordes se retrouvent un peu décalées sur le manche. Le chevalet reste un peu trop haut et l'action, l'éloignement des cordes par rapport à la touche, est trop importante. Enfin, les trous du cordier sont trop rapprochés les uns des autres. Ce n'est pas tant dû au fait qu'ils ont été percés au pif (mais alors, complètement) qu'à la largeur insuffisante du bout de tôle utilisé.

Guitare complète

Rien de tout cela n'est grave parce qu'il suffit de desserrer les vis qui tiennent le manche, d'ajouter une petite cale pour ajuster le renversement, la jonction entre la caisse et le manche. Ce faisant, je peux régler finement l'inclinaison latérale. Et pour l'écartement des cordes entre elles, bah, il n'y a qu'à s'y faire.

Admirons l'accastillage.

Accastillage

Shake some action. Ça sonne ? Très mince, mais pas trop désagréable. Assez métallique tant que les cordes sont neuves. Il faudrait idéalement une scie cloche pour percer deux ouies rondes dans le couvercle de la valise et donner ainsi un peu d'ampleur au son.

Démonstration en 13 secondes.

Le principal inconvénient de ce montage est que le manche se retrouve à peu près à deux kilomètres vers l'avant. C'est assez fatigant et condamne finalement l'instrument qui ne survit pas à la fin des vacances. Le manche retrouvera sa destination initiale, dans un avenir imprécis mais radieux. Les autres éléments attendront de prochaines vacances avec un manche de récupération voire, pourquoi pas, fait main avec des frettes en gros fil de fer, totalement à l'africaine. Oui, c'est du vice mais, justement, c'est meilleur.

En guise de conclusion, il n'y en aura pas... mais, à la place, vous aurez droit au cor corse dont rêvait Monique : une embouchure en plastique, un tuyau d'arrosage et un entonnoir.

Corsican Horn

Gnome 3

Non mais c'est juste pas possible. Qu'est-ce qui leur a pris, à cette bande de cons ? Gnome 2 n'était peut-être pas parfait mais le pékin lambda voulant utiliser une machine sous Linux s'y retrouvait sans problème, bien que l'environnement ne ressemble ni à Windows ni à MacOS. Une certaine logique donnait à l'utilisateur un accès facile aux tâches courantes tout en lui laissant la possibilité d'aller plus loin en cas de besoin.

Tout a changé avec Gnome 3. On ne peut plus créer de lanceur sur le bureau pour y lancer une appli, et en fait le clic droit ne fait plus rien nulle part, on ne peut pas déplacer les barres de statut, et ainsi de suite. La liste des régressions est longue ainsi que celle des fonctionnalités sans intérêt ; elles procèdent clairement d'une volonté d'abêtir l'interface, probablement pour la faire coller à un hypothétique « grand public » décérébré par TF1. À côté, Windows Seven devient un rêve d'ergonomie. À quoi ressemblera Gnome 4 ? À Microsoft Bob ?

Je ne demande pas grand-chose à un environnement de bureau : accéder aux ressources dont j'ai besoin en faisant clicka-clicka. Je peux facilement me passer du drag and drop et de l'automount, pas de la sélection des hotspots wifi ou de la gestion des écrans.

On peut quand même créer des icônes dans la barre de statut du haut en y glissant un item de menu. Mais, oups, j'en crée une de trop...Que faire ? Pas de menu contextuel pour la supprimer. Non, là, c'est trop.

Unity

Le portable étant sous Ubuntu, je passe à Unity : ça ne peut pas être pire. Ça ne l'est pas, en effet, et c'est même assez utilisable. Je tiens quelques jours et puis ce dock stupide me court vraiment trop sur le haricot : il faut trouver autre chose. Pas KDE, que je ne hais point (je sais qu'il fait le boulot) mais que je n'aime pas non plus

Xfce

À ce portable est souvent raccordé un deuxième écran. Gnome et Unity s'en débrouillent sans problème tant que le window manager sous-jacent est Metacity et non Compiz, horriblement buggé sur ce point depuis quelques mois. Pas Xfce, que ce soit avec son outil ou celui de Gnome ; aucun n'accepte de dé-cloner les écrans. C'est dommage car le compromis ergonomie/fonctionnalité/consommation des ressources est très bon, vraiment l'option à retenir quand on veut s'éloigner des sentiers battus et surtout des bloatwares actuels. Et quand on n'a qu'un seul écran. Tant pis.

LXDE et autres WM

Impossible de s'arrêter en si mauvais chemin. Au tour de LXDE, encore mieux dans un genre épuré ; il faut dire qu'il s'agit moins d'un environnement de bureau que d'un simple window manager auquel se greffe lxpanel, dérivé de fbpanel, une barre placée en bas de l'écran contenant des petites applets de base (menu, charge machine, etc,), le tout très léger. Mais... mais... mais il ne gère pas plus le double écran que Xfce, ni d'ailleurs les WM comme Sawfish (mon favori même s'il n'est maintenu que sporadiquement, c'est historique) ou Openbox. Enlightenment non plus. De toute manière, ce dernier ne m'intéresse plus depuis longtemps et E17 n'y changera rien.

À quelque chose malheur est bon, j'ai découvert fbpanel qui reste maintenant à demeure sur mon Sawfish à la maison.

KDE

Non.

Non, vraiment. Pas plus que les "tiling WM" à la Ratpoison ou Awesome, pour des raisons différentes mais toutes en rapport avec les goûts et les couleurs.

La boucle est bouclée

Au cours de mes pérégrinations sur divers forums, blogs et lidies, je découvre qu'il existe bien un moyen d'accéder aux menus contextuels de Gnome.

Alt-clic droit.

Sans rire. Pas clic droit, non, ce serait trop simple. Ces développeurs sont complètement cinglés. Ou bien ils se droguent et je pose alors la question : est-ce qu'il leur en reste ? Mais ça me suffit pour repasser sous Gnome en espérant qu'un des environnements testés consente à prendre en compte un deuxième écran... ou qu'arrive un jour une version de Gnome un peu meilleure, bref qu'existe un vrai choix d'environnements de bureau répondant à mes desiderata, entre KDE, Gnome et Xfce. On peut rêver.

Mouvement des voyelles

Contrairement à d'autres, je chante en français pour des raisons qui n'ont rien à voir avec une quelconque idéologie : je ne vois tout simplement pas comment être sincère dans une autre langue. Quand on se produit devant des gens, ce n'est pas que pour distraire l'assistance avec des jolies mélodies (ou alors on fait dans la pop, la variété, le balloche, mais ce n'est pas le sujet ; du moins pas le mien). Non, il s'agit de se mettre à nu, de montrer ses tripes, de provoquer quelque chose dans l'assistance, d'établir une communication directe avec l'auditeur, qui finisse par transcender la chanson et son interprétation.

Pas facile pourtant d'écrire en français. Les références manquent. Les chansons à textes sont rarement plus que cela et Brassens reste un mélodiste sous-estimé à cause du poids de ses paroles. S'il existe des chansons en français dont il est possible de s'inspirer, on manque par ici d'un système d'écriture diversifié et cohérent fondé sur des décennies de chansons locales et importées/assimilées, d'un répertoire où ce qui est chanté fait partie intégrante de la musique. Et puis le français est une langue peu accentuée, très articulée, où les consonnes délimitent précisément les syllabes et où les diphtongues se font rares.

Ce qui nous amène à Keith Richards.

Keith Richards n'a pas que cinq cordes, deux notes, deux doigts et un trou du cul. Il ne lui a pas suffi de révolutionner la guitare par son emploi du silence. Il a su écrire des chansons. On a dû l'enfermer à double tour dans une cuisine pour qu'il y arrive mais il a ensuite enrichi le corpus dans lequel ont pioché les générations suivantes de songwriters. Il a comme tout le monde des méthodes d'écriture, l'une d'entre elle étant détaillée dans un paragraphe de son autobiographie, Life, que je traduis ici tellement je trouve ce concept fondamental et ignoré des auteurs français.


On composait aussi avec le mouvement des voyelles (vowel movement) ; très important pour les auteurs, ça. Les sons qui fonctionnent. Souvent, on ne sait pas quel sera le prochain mot, mais on sait qu'il doit contenir une certaine voyelle, un certain son. On peut écrire quelque chose qui paraît vraiment bien sur le papier mais qui ne contient pas le bon son. Il faut construire les consonnes autour des voyelles. Il y a un endroit où faire oooh et un autre où faire daaah. Et si on se trompe, ça sonne merdique. Pas besoin de le faire rimer avec quoi que ce soit â ce moment-là, il faudra trouver la rime plus tard, mais on sait qu'il y a une voyelle donnée dans ce mot. Le doo-wop ne s'appelle pas doo-wop pour rien : il repose entièrement sur le mouvement des voyelles.


Quand on revient sur les arguments et contre-arguments de ce topic qui m'a amusé il y a cinq ans, hélas toujours d'actualité, on constate qu'il n'y est jamais fait mention de l'importance des voyelles dans le texte d'une chanson... Ce n'est pas un hasard. Cette notion est trop étrangère à la culture française pour laquelle seul l'écrit est noble, où l'atome est le mot et non le son. Prenez note, petits scarabées, et pour tenir compte des différences de prononciation entre les deux langues, il faut aussi porter une attention supplémentaire aux consonnes, plus nettes en français, selon que le son doit être coulant ou percussif ; mais après l'étape des voyelles.

Peste Noire

Les asiles d'aliénés sont des réceptacles de magie noire conscients et prémédités.

Il sera aujourd'hui question de Black Metal. Ouh les affreux. Vous savez, ce mouvement initié par des Norvégiens tarés oscillant entre Satanisme et néo-paganisme antisémite. Un des groupes les plus représentatifs, d'aucuns diraient LE groupe de Black Metal, Mayhem, a vu son chanteur se suicider puis le bassiste tuer le guitariste à coups de couteau. Mais il y a plus qu'un intérêt d'entomologiste pour cette population bizarre qui refuse toute influence du blues (de la musique nègre, pouah, quelle horreur), qui non seulement fait sincèrement l'apologie de Satan et du Mal en général mais surtout prétend vivre en conséquence.

Sans un élément de cruauté à la base de tout spectacle, le théâtre n'est pas possible.

Le Live in Leipzig est un chef-d'œuvre du genre. À la limite du supportable, je l'écoute pour plonger dans un abîme de haine et d'angoisse que les productions ultérieures du Mayhem nouvelle version n'ont même pas effleurées. Il y a aussi la légende, les églises brûlées, les meurtres divers... tout cela est raconté avec force détails sordides dans Lords of Chaos de Peter Moynihan et Didrik Søderlind.

Depuis, le Black Metal a évolué, éclatant en sous-chapelles et sous-sous-chapelles. On peut répertorier le NSBM (national-socialiste), le DSBM (dépressif-suicidaire), des évolutions shoegaze, jusqu'au drone metal de Sunn O))) souvent instrumental et sans batterie.

Au détour d'un thread sur la langue des paroles de chansons sur l'un des forums que je fréquente, il a été brièvement question de la scène Black Metal francophone ; et notamment de Peste Noire, que je ne connaissais pas. Clairement, ces gens emploient le français pour des raisons idéologiques, dans la lignée de leur ultranationalisme. Certaines paroles, certaines références ne laissent aucun doute à ce sujet, même si on sent un éloignement progressif depuis la première démo de Kommando Peste Noire, leur premier nom, « Aryan Supremacy », jusqu'au refus actuel du racisme et du nazisme au profit d'un racialisme assez flou : acceptation du métissage historique en Europe, bassiste nommé Indria loin d'un type ethnique viking... Leur troisième album s'appelle « Ballade cuntre lo Anemi francor », titre d'un poème de Villon. Là, on est en terrain connu, celui d'une idéologie de droite intégrant quelques obsessions, celle du terroir (qu'il faut protéger), celle de l'ennemi (qu'il faut combattre) et celle des temps passés, d'un âge d'or mythique. Bah. Ça donnerait presque envie de chanter en anglais.

Incidemment, le Metal dans son ensemble n'est pas un genre progressiste. Quel groupe a pris position à gauche ? Black Sabbath à ses débuts avec War Pigs ? Lemmy Kilmister revendique son antiracisme et son féminisme mais il se situe en marge, qualifiant alternativement la musique de Motõrhead de speed metal et de rock'n'roll. Le BM, lui, s'est toujours situé politiquement - quand il en a pris la peine - à l'extrême-droite où l'étendue du spectre des valeurs morales permet la cohabitation des tendances les plus contradictoires, du nationalisme à l'individualisme forcené, de l'intégrisme catholique au néo-paganisme. Le satanisme du BM et sa fascination pour le mal y trouvent sans problème leur place.

Nul n'a jamais écrit ou peint, sculpté, modelé, construit, inventé, que pour sortir en fait de l'enfer.

Parlons donc de Peste Noire, dont le quatrième album, « L'Ordure à l'état Pur », vient de sortir et dont je n'ai entendu que des bribes. Ou plutôt de son leader La sale Famine de Valfunde, lequel compose quasiment tous les morceaux, joue de tous les instruments sur les disques hormis la batterie et chante ou plutôt râle comme tout blaquemétalleux qui se respecte. Peste Noire tient une place à part dans cette scène BM au moins par la forme ; quant au fond, on verra ce qu'il en est.

Contrairement à Mütiilation, à leurs confrères des Légions Noires ou aux BMeux québecois, les chansons sont travaillées autant au niveau des compositions que des arrangements. Le son, surtout, n'a rien à voir avec le tsunami d'amplis hi-gain habituel. Alors que la stratégie classique consiste à étouffer délibérément l'auditeur, KPN fait dans le varié, le travaillé, allant jusqu'à enregistrer sur des magnétophones à bande pour le grain qu'ils donnent. Les entrelacs de guitares refusent toujours la moindre référence au blues ou au rock'n'roll mais ne se limitent pas à des riffs de mandoline sursaturés. En fait, Famine sait vraiment jouer et, plus fort, créer son propre idiome à partir de plans de musique classique, médiévale et folk, ce qui rend son jeu unique et immédiatement reconnaissable. Ne fuyez pas ! Il n'y a pas de rock progressif là-dedans, pas de posture intello ou arty, que des influences parfaitement digérées et intégrées pour restituer un résultat cohérent.

Tout vrai langage est incompréhensible.

Ce qu'il y a de bien avec le black metal, comme d'ailleurs avec le grind, le death, le doom et autres variations éructatoires, c'est qu'on ne comprend pas les paroles. Peste Noire ne saurait déroger à la règle et c'est parfois heureux quand le discours politique prend le pas, parfois dommage quand il met en musique Baudelaire, Verlaine (Soleils Couchants, chef-d'œuvre !) et les poètes du Moyen Âge. En revanche, il évite la dramatisation du texte, sa mise en valeur outrancière par rapport à la musique, ce mal français ; La sale Famine de Valfunde est avant tout un musicien.

Je vois encore quelques raisons à ce chant en forme de râle d'agonie. D'abord, Famine ne se prend pas vraiment au sérieux, instaure une distance avec la gravité des textes littéraires mais aussi avec les déclamations politiques. Il y a de l'humour là-dedans, comme les pochettes le montrent bien, un humour « spécialisé », provocateur, sarcastique, sardonique.

La distance est aussi perceptible dans ses très rares interviews quand il explique détourner des chants à la gloire du Roi de France pour en faire des odes à Satan, roi du Mal, lequel serait plus un concept qu'une vraie divinité. Comment cela s'accorde-t-il avec son nationalisme et son passéisme affichés, alors ? Et comment imaginer une seule seconde que ce discours puisse servir de propagande d'extrême-droite ? La réponse, outre les interviews où on a du mal à faire la part de la provocation destinée à asseoir sa crédibilité, se trouverait dans un manifeste de 40 pages, encore non publié apparemment depuis plusieurs années ; je me retiens de ricaner, ce ne serait pas charitable. Mais c'est à ce point que j'ai compris que, malgré les extraits de discours de Le Pen, malgré les citations de Brasillach, Peste Noire était inoffensif politiquement à cause de ces incohérences, mais surtout de l'inhumanité de son discours, de ce manque complet d'empathie que l'on constate aussi chez les psychopathes avérés et qui ne peut servir que de repoussoir.

On peut se demander pourquoi se fatiguer à faire la part des choses alors que ce type est si manifestement odieux et fier de l'être. C'est que l'esthétique et la morale ne font pas bon ménage depuis, au moins, Les Fleurs du mal. C'est que Peste Noire est unique, et pas que par rapport à ses petits camarades du BM. La plupart des groupes qui lui sont souvent associés, Alcest, Les Discrets, tout ce mouvement pop-shoegaze planant dont Neige est le porte-drapeau (le même Neige embauché à la batterie par Famine pour « EXÉCUTER du Black Metal ») ne me passionne pas vraiment parce que je n'ai pas envie d'écouter du Emperor en plus mignon. Peste Noire est unique dans le paysage français en réussissant le tour de force d'intégrer comme personne un tas de références disparates, d'explorer de nouveaux territoires et de piller leurs trésors pour bâtir une construction baroque, outrancière, forteresse d'un Facteur Cheval paranoïaque.

De plus, l'électrochoc, comme le Bardo, crée des larmes.

Encore autre chose. Une piste de « Folfuck Folie », le deuxième album, est basée sur une émission radiophonique d'Antonin Artaud où celui-ci s'égosille en frappant sur des tambours et une cloche. Peut-être cherchait-il alors à conjurer le Bardo qui l'obsédait depuis ses années d'hôpital psychiatrique, ce Bardo qui est la mort pour les Tibétains, l'épouvante absolue pour Artaud ? On peut imaginer, á l'écoute de sa musique, qu'il y a plus en commun entre Famine et le Momo que la fascination pour l'ordure, on peut penser que Famine cherche son Pèse-Nerfs...

Ah, quelle envolée lyrique et culturelle ! Splendide ! Sauf que ce que j'ai pu écouter du dernier opus, là, ce soir, contredit la thèse de l'artiste à moitié fou et à peine capable de s'exprimer, en envoyant gaiement du bois. Les riffs sont lourds, tout en efficacité, les compositions abouties. le son ample, la voix cette fois parfaitement maîtrisée et intégrée à l'ensemble. Peste Noire, comme d'habitude, ne fait pas ce qu'on en attend. Or, on n'en attend pas moins, justement, et hop, dernière pirouette pour ACHEVER ce billet.

Slampler Reboot

Le Slampler a fait des siennes. En fait, le NSLU2 n'a pas aimé les arrêt-marche à répétition. Ça a été l'occasion d'une réinstallation complète en se servant toujours de ce document. Après plusieurs heures d'installation à cause des lenteurs d'écriture sur la clef USB, le système était de nouveau opérationnel. Il a suffit d'installer quelques packages supplémentaires pour retrouver une machine totalement fonctionnelle :

# apt-get install gcc make libasound2-dev libasound2

C'est plus propre, du coup. L'installation antérieure comprenait un maximum de packages inutiles car ils servaient aux tests et au développement, de jackd à emacs. Tout compris, le système prend maintenant 360 Mo d'espace disque. Une clef de 512 Mo peut donc suffire en laissant plus de 100 Mo de libre pour les samples par défaut, ceux qui seront joués si aucune autre clef USB n'est insérée dans le port libre.

Un nouveau programme gère le montage de ce volume supplémentaire car un automounter standard comme autofs ne permet de monter un disque à la volée que quand un accès se produit, sans intervenir sur les processus. datamount, lui, scrute régulièrement /proc pour y regarder si /dev/sdb1 existe et s'il est monté. Il monte ou démonte la clef si besoin est en tuant au passage le processus slampler, qui est immédiatement réanimé par init.

Les systèmes de fichiers sont montés en lecture seule pour pouvoir couper le jus sans avoir peur de tout borker - ce qui m'est arrivé plus d'une fois. Les répertoires /tmp et /var/run sont des montages en ramfs puisque leur contenu est par nature volatile et que le système ne serait pas content s'il ne pouvait pas y écrire. Sauf que le réseau ne monte pas pour une raison inconnue (ah, les joies des machines headless) et qu'il faut une bidouille horrible dans le /etc/rc.local pour configurer correctement eth0 :

mount /dev/sda2 / -o rw,remount
ifconfig eth0 192.168.0.106
sleep 1
mount /dev/sda2 / -o ro,remount

Le dongle C-Sound (ou 3D Sound) est abandonné pour cause de bruit de fond vraiment trop épouvantable. C'est aujourd'hui un boîtier ART qui pilote le son en attendant peut-être un UCA 202.

L'absence du joystick est gérée à peu près correctement et on peut le brancher alors que le programme est en train de tourner. Surtout, un thread supplémentaire permet de contrôler le slampler par STDIN. Pratique pour les tests. Un autre est en préparation pour contrôler un clavier USB par l'interface HID, ce qui permettra d'utiliser ces pédales-ci ou celles-là.

Les samples sont maintenant lus à la volée au lieu d'être stockés en RAM, ce qui était l'erreur principale de la version antérieure : le processus se mettait à swapper en saturant le bus USB. Les 44 octets d'en-tête de chaque fichier WAV sont quand même lus au démarrage pour connaître la taille et les caractéristiques des samples.

Tout le code a été placé sur Github for your lurking pleasure (et plus si affinités).

Au fait, en me baladant parmi les divers projets audio de Github, entre un gazillion de mixers, de streamers et de wrappers Javascript pour HTML5, je suis tombé sur convolute, un programme combinant plusieurs sons par convolution. On prend un son, on le transforme par un autre et on en obtient un troisième qui n'a qu'un lointain rapport avec les deux premiers. Le dénommé encryptio a même fixé un bug d'utilisation de la librairie kissfft qui se produisait sur mes machines, qu'il en soit remercié. La moitié des samples joués aujourd'hui par le Slampler proviennent de ce programme.

Diddley Bow

Le mieux est l'ennemi du bien. Pourquoi s'embêter avec 6 cordes sur une guitare quand on peut jouer avec une seule ? Pourquoi devrait-on l'accorder ? Pourquoi, finalement, jouer de la guitare quand on peut jouer du diddley bow ?

Il y a eu ce passage phénoménal de Seasick Steve chez Jools Holland. Tiens, qu'est que c'est que ce truc ?

Puis, à l'occasion du décès récent de Captain Beefheart, j'ai redécouvert ses 10 commandements du guitariste. Le septième, notamment, vaut son pesant de cacahuètes.


 
7 - Always carry a church key
 
That's your key-man clause. Like One String Sam. He's one. He was a Detroit street musician who played in the fifties on a homemade instrument. His song "I Need a Hundred Dollars" is warm pie. Another key to the church is Hubert Sumlin, Howlin' Wolf's guitar player. He just stands there like the Statue of Liberty — making you want to look up her dress the whole time to see how he's doing it.

 
 

Texte abscons et rigoureusement intraduisible puisque « clef d'église » n'est pas la seule signification de church key. Mais on comprend bien qu'un décapsuleur puisse servir de bottleneck, même si One-String Sam se servait, lui, d'une bouteille.

Ok, il m'en faut un. Une planche de bois provenant d'un encadrement de fenêtre, une corde de guitare rouillée, 6 clous, 2 vis, un micro extrait d'une pelle asiatique d'il y a 25 ans (Cyclone by EKS Technologies) sur lequel on soude une embase jack mono, une bouteille vide en guise de chevalet, un bout de tige d'acier pour le sillet et roulez jeunesse.

En cherchant des renseignements sur la fabrication, je suis tombé sur cet extrait de It Might Get Loud, film commémoratif sur la guitare électrique que j'avais soigneusement évité avec Jimmy Page, The Edge et Jack White, où ce dernier construit un diddley bow dans un décor champêtre.

Première étape : Faire un noeud à l'extrémité « libre » de la corde.

Noeud plat à l'extrémité de la corde

Deuxième étape : Fixer la corde à un bout, déterminer l'emplacement de la vis à l'autre bout de manière que la corde soit tendue, une fois la bouteille en place, visser, clouer.

Composants (la bouteille est encore pleine)

Troisième étape : Positionner le micro sous la corde, enfoncer les clous qui le maintiendront, insérer une cale pour qu'il tienne en hauteur.

Diddley Bow terminé

Quatrième étape (en option) : Marquer les emplacement des notes comme s'il s'agissait des frettes d'une guitare. À l'usage, on s'aperçoit que les points (en 3, 5, 7, 9 et 12) sont plus importants que les traits des demi-tons, surtout qu'une pression minime sur la corde a naturellement tendance à fausser l'accord. Comme les points se trouvent au milieu des cases, il deviennent les nouveaux repères des notes.

Marquages des notes

Fin des opérations : Placer la bouteille, brancher sur l'entrée de n'importe quel ampli ou assimilé (dans mon cas, celle d'un vieux portable IBM). Prendre un bottleneck, un tournevis ou, mieux, un décapsuleur : church key power! L'entrée micro sature si on pousse le gain, ce qui ne peut qu'améliorer le son quand on ne sait pas vraiment jouer en slide. Comme moi. Et dans ce cas, ça donne un petit côté Metal dont il faut bien se contenter à défaut de l'évocation habituelle du Delta du Mississipi.

JScript

Vous savez peut-être que Windows est un système d'exploitation assez répandu.

Et j'ai dû me poser récemment la question : comment écrire des scripts sous Windows ? Deux manières traditionnelles se complètent assez bien. Cmd d'une part, héritier direct de command.com, pour les tâches simples, voire simplistes vu sa grammaire et son vocabulaire terriblement limités ; et VBS, descendant de Visual Basic, pour accéder aux API Microsoft et véritablement programmer (mais sa syntaxe me fait vomir). On peut aussi citer la pléiade d'outils .Net ainsi que Power Shell mais ils ne sont installés que sur des versions récentes de Windows.

Il existe un autre langage de script pour Windows, JScript, dérivé de Javascript alias ECMAscript. Méconnu, peu documenté, déviant de la « norme » par de nombreux points, il s'agit pourtant d'un vrai langage, lisible, dont la microsoftisation permet d'exploiter les ressources du système sous toutes ses versions depuis XP. Il souffre de maux bizarres parfois, il faut se faire à ses spécificités, mais on arrive presque toujours à ses fins.

Par exemple, pour lire un fichier, il faut d'abord instancier un objet permettant de discuter avec le système de fichiers.

var fso = new ActiveXObject ("Scripting.FileSystemObject");

On peut ensuite ouvrir le fichier, y lire des lignes de texte et le fermer.

fi = fso.OpenTextFile (input, 1);
while (!fi.AtEndOfStream) {
  text = fi.ReadLine();
}
fi.close();

On ne peut exploiter que des données texte. Pas de binaire, ou alors par des biais horribles. Les explications d'Eric Lippert sur son blog MSDN sont tellement absurdes (cf. son deuxième commentaire) qu'on a peine à croire que des développeurs aussi capables puissent se fourvoyer à ce point. Voilà donc un des maux bizarres dont je parlais plus haut.

Consultez MSDN pour la liste des méthodes disponibles pour FileSystemObject, ainsi que pour les autres API. Parfois, les exemples ne sont fournis que pour VBScript, C++ et C#, JScript étant considéré comme un langage de deuxième ordre pour Microsoft. À l'utilisateur de chercher ces exemples sur Google.

Autre objet utile, WScript.Shell.

var shl = new ActiveXObject ("WScript.Shell");

shl.run ("msinfo32.exe /report msinfo.txt");
WScript.Echo ("%TEMP%=" + shl.ExpandEnvironmentStrings ("%TEMP%"));
WScript.Echo ("Desktop=" + shl.SpecialFolders ("Desktop"));

On peut même utiliser WMI (Windows Management Instrumentation) pour, entre autres, lire les Event Log de Windows.

var wmi = GetObject ("winmgmts:{impersonationLevel=impersonate,(Backup)}!\\\\.\\root\\CIMV2");

var evts = wmi.ExecQuery 
            ("select * from Win32_NTEventLogFile 
                      where LogFileName like 'App%' 
                         or LogFileName like 'Sys%'");
var evt = new Enumerator (evts);
for (evt.moveFirst(); !evt.atEnd(); evt.moveNext()) {
  var evtName = evt.item().LogFileName;
  var strBackupLog = evt.item().BackupEventLog (evtName+".evt")
}

Il n'y a pas de mécanisme à la #include. C'est historique : les fichiers Javascript sont généralement lus depuis une page HTML. Et puis VBS ne connaît pas non plus ce mécanisme, alors... alors on se débrouille avec eval().

eval ((new ActiveXObject 
  ("Scripting.FileSystemObject")).OpenTextFile ("lib.js",1).ReadAll ());

On peut même se payer le luxe d'une inclusion conditionnelle. Il suffit de définir un objet dans lib.js

var lib = new Object ();

et de faire précéder le eval() d'un test

if (typeof lib == "undefined")
eval ((new ActiveXObject 
  ("Scripting.FileSystemObject")).OpenTextFile ("lib.js",1).ReadAll ());

ce qui permet d'imbriquer les inclusions sans se poser de question.

Les méthodes et les attributs présents dans le fichier lib.js seront directement ajoutés au namespace courant, implicitement self, sauf si on précise un namespace différent, comme dans la déclaration

function lib.print (str) {

mais, là, on sort du domaine du scripting pour entrer dans celui de la programmation objet plus traditionnelle et JScript n'est peut-être plus le langage à employer.

On peut envoyer un mail :

var msg  = new ActiveXObject ("CDO.Message");   
var cfg  = new ActiveXObject ("CDO.Configuration");

msg.Subject = "Test";
msg.From = "me@example.com";
msg.To = "you@example.com";
msg.TextBody = "Hello world";

msg.Configuration.Fields.Item ("http://schemas.microsoft.com/cdo/configuration/sendusing") = 2;   
msg.Configuration.Fields.Item ("http://schemas.microsoft.com/cdo/configuration/smtpserver") = "smtp.example.com");
msg.Configuration.Fields.Item ("http://schemas.microsoft.com/cdo/configuration/smtpserverport") = 25;
msg.Configuration.Fields.Update ();   

msg.Send();

Et lire ou écrire une clef de registre :

var shl = WScript.CreateObject ("WScript.Shell");

var bKey = shl.RegRead ("HKCU\\Software\\SimonTatham\\PuTTY\\Sessions\\wfl\\BellOverloadS");

Dernier luxe par rapport à VBS et son pathétique On Error, JScript peut gérer les erreurs par un mécanisme de try/catch :

try {
  fso.CopyFile (from, to);
  WScript.Echo ("Ok");
}
catch (e) {
  WScript.Echo ("KO - " + e);
}

Aha, j'oubliais, comment lance-t-on un programme ? La commande wscript, celle qui est lancée par défaut quand on invoque directement un programme en .js, affiche les WScript.Echo() dans des petis dialogues, alors que cscript lance le script en mode console, idéal pour logger efficacement ce qui se passe ou pour rediriger les sorties console vers NUL:.

Les moyens de debug sont extrêmement limités ; restent WScript.Echo() et, pour les problèmes vraiment incompréhensibles, les Sysinternals.

NB : Les exemples de code sont mal affichés mais un copier-coller restitue le formatage d'origine.

Slampler, suite

Suite, mais pas fin, des aventures du Slampler !

Slampler monté - cc by-nc-sa

L'intégration du joystick au pédalier est terminée. L'ajout des pièces de tuyauterie en PVC, pour loger les interfaces, lui donne un petit air d'arme secrète soviétique. Déco à prévoir en conséquence.

Slampler monté - cc by-nc-sa

Le circuit imprimé du joystick n'était pas totalement détruit après ies premiers tests. Il restait 6 contacts opérationnels... juste assez pour y brancher tous les switchs. La leçon en est qu'il ne faut pas souder sur les pistes, qui se décollent, mais sur les points de soudure existants.

Composants du slampler - cc by-nc-sa

L'ensemble des composants a un peu de mal à rentrer, surtout à cause du long câble USB du joypad. Avantage, rien ne bouge à l'intérieur. Inconvénient, la place est maintenant terriblement comptée alors que j'envisage de remplacer l'atroce dongle C-sound par une interface Behringer UCA-202. Il faudra probablement déplier et insérer le câble à l'intérieur du tuyau des switchs pour gagner de la place.

Slampler assemblé - cc by-nc-sa

Le NSLU2 ne dispose que de 28 MiB de RAM. Combien de samples, de quelle longueur, peut-on loger ? En y stockant des samples mono sur deux octets à 44100 Hz, cela donne 88200 octets par seconde et 10 MiB permettent de loger 113 secondes, soit, pour 15 samples, 7 secondes en moyenne par sample.

Je dois largement dépasser cette taille car il y a parfois des trous dans la reproduction audio, probablement parce que le programme swappe un peu (4 MiB en swap après exécution) et que l'écriture est coûteuse sur une clef USB. Et puis il n'y a pas de secret, il faut réduire la taille des samples. La durée totale de mes samples actuels étant de 141 secondes, cela représente dans les 12 MiB en interne; il faudrait donc descendre à 8 MiB soit dans les 90 secondes. FAUX ! CF. infra. J'aurais aussi pu conserver les samples sur disque et les lire à la volée, ce qui serait concevable en n'en lisant qu'un seul à la fois, mais je voulais pouvoir en lire plusieurs en même temps.

Code du slampler en mode debug - cc by-nc-sa

Cela signifie aussi qu'il faut vraiment tuer les démons comme hald et udevd pour gagner quelques MiB en mémoire. Il ne sera alors plus possible de monter automatiquement une clef USB supplémentaire contenant les répertoires 0/, 1/ et 2/ allant se mettre par dessus ceux d'origine de /data, mais qu'elle ne peut être prise en compte qu'au boot.

Pour l'instant, on reste sur un déclenchement simple où le sample ne s'arrête pas avant la fin. Le choix se fera à la prochaine répétition... en janvier. Si cela change, l'architecture devrait aussi changer pour lire les samples directement depuis le disque puisqu'il sera alors assez difficile d'en déclencher plusieurs en gardant le pied appuyé...

Edit La situation est plus grave que ça. J'ai été intrigué par un core dump de 30 MiB. En me connectant en ssh au Slug pendant que ./slampler tournait, la commande top donne cette taille dans la colonne VIRT (mémoire virtuelle). Bref, le programme swappe à mort. Solutions :

  • Réduire encore plus drastiquement la taille des samples (mais c'est pas drôle) ;
  • Réduire l'empreinte noyau (mais ça m'amuse moins que dans mon jeune temps, surtout les tests sur une machine headless) ;
  • S'arranger pour que les samples courants sortent de la swap quand on sélectionne une banque de sons (là, j'ai une idée).

Slampler

Le Slampler, Slug Sample Player, est né avec la formation d'un nouveau groupe, sur les cendres des Knou. À la première répétition, on aurait voulu envoyer des samples comme ceux que Paul avait insérés sur ses maquettes enregistrées avec Ableton Live. En général, cela signifie acheter un pédalier sampler/looper comme un Boss RC-50 ou un Boomerang, mais on ne trouve pas grand-chose en dessous de 400 € si on veut plusieurs déclencheurs, et les fonctionnalités de boucle et d'enregistrement en direct ne sont pas nécessaires. Non, il fallait simplement quelques switches au pied, chacun lançant son échantillon, éventuellement répartis en banques à travers lesquelles on peut cycler grâce à un dernier poussoir.

Son of Slab

Rien de plus simple en partant du Slab puisqu'il suffit d'en prendre les parties qui assurent la sortie audio, la gestion du joystick, et d'y ajouter une gestion simplissime des fichiers d'échantillons. On a donc N fichiers de nom quelconque par répertoire nommé numériquement (0, 1, 2...) pour chaque banque de son, et hop. Il suffit de presser un bouton de joystick pour que le son correspondant soit reproduit.

La carte-son est toujours l'horrible petit dongle C-sound à quelques euros pièce. Elle semble suffire à la tâche, surtout dans un contexte de répétition ou de petit concert... mais on en reparlera plus loin.

Slampler en studio - © 2010 Delphine 13

Prototype avec la pédale contenant l'interface audio, le Slug et le joypad


Le code

Le code est sur Github et rien de vraiment notable n'a changé depuis le Slab hormis l'initialisation de la carte-son. Elle passe maintenant par la fonction snd_pcm_set_params() qui simplifie tout. À l'époque, j'avais dû lire une doc obsolète où cette fonction ne figurait pas encore. Le point notable est qu'elle accepte de plus un paramètre latency. Je ne le retrouve pas dans les primitives ALSA alors que ce paramètre est décisif pour le temps se réponse. Dans l'exemple pcm_min.c, il est fixé à 500000 en millonnièmes de secondes, et le sample met effectivement une demi-seconde à se déclencher. 500 et 5000 donnent une sorte de grésillement au playback et 50000 (50 millièmes de seconde) envoie un son correct quasiment instantanément. Il faudra donc revoir l'initialisation du Slab puisque ce paramètre additionnel pourrait corriger les divers problèmes de latence observés.

Là où le Slab utilise un buffer circulaire pour gérer l'audio, le Slampler emploie autant de pointeurs qu'il existe de switchs déclarés. Dès qu'une variable d'état change depuis le thread du joystick suite à l'activation du sample, un de ces pointeurs est affecté au short * du sample, puis un certain nombre de trames sont copiées vers *playbuf par addition et le pointeur est incrémenté à chaque itération. À la fin du sample, le pointeur est remis à NULL.

Le code est directement portable d'une Debian à une Ubuntu et de ARM à Intel. Pas essayé sur une Fedora ou une OpenSuSE (sur un IBM zSeries non plus, d'ailleurs).

Les données audio

Le répertoire des données est indiqué par un #define dans le source et peut être monté sur un système de fichiers à part comme celui d'une clef USB ou d'une carte SD. Dans ce cas, il faut bien entendu bricoler le fichier /etc/fstab pour y insérer une ligne comme

/dev/sdb1 /data vfat default 0 0

si le source contient

#define DATADIR /data

Les fichiers échantillons seront donc dans les répertoires /data/0, /data/1, etc.

Leur format est obligatoirement s16le à 44100, mono ou stéréo. La fréquence est fixée car on ne peut pas s'amuser à convertir les flux audio à la volée avec un processeur à 266 MHz. La commande qui suit convertit tout fichier audio non compressé au bon format :

# sox src.wav -c 1 -b 16 dst.wav rate -h 44100 dither -s

Pour convertir un fichier MP3 ou OGG en WAV, il suffit de lancer

# mpg123 -w fichier.wav fichier.mp3

À noter, un petit quirk des systèmes de fichiers évolués comme les ext*fs : l'ordre d'insertion dans un répertoire n'est pas celui dans lequel les entrées de fichier seront ensuite lues par readdir(). Ce n'est pas le cas des FAT des clefs USB où le premier fichier copié dans un répertoire vide sera le premier à apparaître dans la liste. Celui-ci sera alors affecté au switch de gauche, le deuxième au suivant, etc.

Chaque échantillon est stocké en RAM en mono quel que soit son format d'origine pour optimiser la place. Il est converti en 2 canaux au moment du playback car certaines cartes son n'acceptent pas de signal mono, et son amplitude est divisée par deux pour pouvoir mixer les signaux de samples différents sans trop de saturation. Un mécanisme transforme le dépassement de capacité en simple écrêtage.

Le système

Comme pour le Slab, le socle est une Debian ARM pour pouvoir éditer/compiler/tester sur le NSLU2 lui-même. Les démons inutiles comme hald sont coupés.

Il faut insérer une ligne dans le fichier /etc/inittab comme par exemple chez moi :

sl:23:respawn:/home/slug/slampler/slampler

Elle démarre un processus slampler et le relance chaque fois ou'il s'arrête. telinit q force le processus init à relire ce fichier si on (dé)commente cette ligne pour passer d'une configuration de production à une configuration de développement et vice-versa.

Le programme tourne en tant que root ce qui lui donne les bons droits pour allumer et éteindre les LED du NSLU2 selon la banque de sons sélectionnée.

Pied au plancher

Les joysticks et les joypads que je connais peuvent comporter jusqu'à 10 boutons. Il suffira donc de souder aux contacts de ces boutons des fils allant à des poussoirs fugitifs pour les commandes au pied, le tout intégré dans un boîtier plat, un demi-tuyau en PVC ou une gouttière en alu, pour obtenir l'interface de conmande.

Jusqu'à 8 sons peuvent être activés simultanément puisque 8 switchs sont définis dans le code plus celui de banque. Cela donnerait un pédalier à 9 poussoirs, donc d'au moins 80 cm de long si on les espace de 10 cm. Un peu long pour mon goût : je me contente de 5 poussoirs de samples plus un de banque, espacés de 8 cm, ce qui donnera un peu plus de 50 cm avec les marges sur les côtés.

Pédalier du Slampler - cc by-nc-sa

Le pédalier en construction


Pour le prototype, les contacts d'un Logitech Precision seront soudés à 7 fils (1 pour le commun) courant vers un tuyau en PVC de 40 mm de diamètre, calé par deux quarts de tuyau dans le sens de la longueur pour le stabiliser, dans lequel sont percés les trous recevant les poussoirs. Ceux-ci porteront les fils électriques soudés à des fils de faible section, eux-mêmes soudés aux contacteurs du joypad. La fiabilité est le point faible du proto. Il faudra probablement un tuyau de plus grand diamètre pour héberger tout le foutoir branché au Slug : intérieur du joypad, carte-son, clef USB et hub passif.

Tout cela sera possible une fois que je serai arrivé à souder correctement les fils sur le circuit du joypad. Pour l'instant, j'ai surtout réussi à griller deux contacteurs...

Résultat

En répétition, avec un joypad actionné à la main puisque le pédalier n'était pas encore soudé, l'ensemble s'avère utilisable à un détail près. La très mauvaise qualité de l'interface provoque un hiss assez perceptible à volume de groupe. Il faut changer de carte son mais je ne connais pas les interfaces pas chères actuelles (comme la Behringer UCA 202), ou insérer une noise gate bas de gamme en sortie comme la Harley Benton de chez Thomann à 25 euros (ne pas prendre la Behringer, qui ne marche pas de l'avis général).

Slampler en action - © 2010 Delphine 13

Portrait de l'artiste en jeune geek


D'autre part, un bug dans le code actuel provoque parfois le défilement de plusieurs samples à la suite quand on change de banque pendant qu'un échantillon tourne encore. C'est facilement corrigeable, soit en coupant les samples en train de tourner quand on passe à la banque suivante, soit en gérant les structures de donnéss un peu différemment.

Enfin, faut-il simplement lancer un sample et attendre qu'il se termine, ou bien ne le jouer que le temps que le switch correspondant reste enfoncé ? C'est actuellement la première solution qui est mise en œuvre mais il serait facile de tenir compte de l'état courant des switchs. Comme d'habitude, à suivre.

Paroles, paroles, paroles

Je reste comme un imbécile devant une page blanche. Il faut trouver un texte pour une chanson qui promet d'être un tube planétaire, surtout pour la mélodie du refrain qui est clairement faite pour renvoyer Radiohead, Lady Gaga et les Beatles dans les limbes de l'oubli collectif.

La chose est certaine.

Si seulement l'inspiration pouvait arriver là, maintenant ; ou demain matin, pourquoi pas, je ne suis pas difficile. La précédente chanson n'avait pas posé de difficulté particulière mais, là, c'est l'échec. Or, il paraît qu'il existe des techniques pour inciter cette inspiration, qui se révèle rarement fille facile, à nous dispenser ses faveurs. Tout ou presque serait question de méthode, en commençant par le commencement.

Le titre

Tout le monde le dit : il faut d'abord trouver un titre, et qu'il soit accrocheur et original. La lecture des titres de journaux et de magazines sera profitable. Ce titre peut n'être que provisoire et changer par la suite car son rôle est celui d'un déclencheur.

Il serait bon qu'il se retrouve dans le refrain. Un point en plus s'il comporte une association de mots inusitée.

Quelques questions

Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Etc. Cette phase des questions, recommandée par cet article avec beaucoup d'autres conseils repris ici, ne me semble pas très utile. On peut y passer 5 minutes pour y trouver un angle d'attaque auquel on n'avait pas pensé au départ.

Liste d'associations directes

Il faut maintenant constituer une liste des termes directement en rapport avec le(s) mot(s) du titre en prenant une feuille de papier blanc et en écrivant les termes qui viennent à l'esprit les uns à la suite des autres. Une heure ne sera pas de trop.

Liste d'associations indirectes

On prend maintenant chaque item de cette liste, et on applique le même principe en énumérant les mots évoqués par chaque item. C'est la tâche la plus longue, potentiellement la plus riche aussi. Elle mène à un grand n'importe quoi où l'on pourra pêcher des idées, les unes évidentes, les autres à la limite de l'absurde, et pourquoi pas ?

Liste des contraires

Pour chaque mot du titre, on cherche ses antonymes et les idées qui leur sont directement associées, afin de créer des contrastes.

Liste de synonymes

La tâche la plus fastidieuse. On prend un dictionnaire de synonymes en ligne et on entre chaque terme de chaque liste pour multiplier les occasions de placer une idée sous une forme plus adaptée phonétiquement.

Cette collecte d'idées servira à écrire le texte des paroles en servant de son imagination et des quelques règles édictées ci-dessous. Avant de passer à la construction des éléments de la chanson, une note liminaire :

Une chanson n'est pas une poésie

Comme ce fait a l'air ignoré de bien des paroliers actuels, je le répète : une chanson n'est pas une poésie. Oui, en gras, et estimez-vous heureux que le tag <BLINK> soit inaccessible sous Dotclear. Plusieurs caractéristiques les distinguent :

Un texte de chanson existe principalement pour accompagner une mélodie. Sinon, à mon avis, il vaut mieux écrire des poèmes, des romans ou des articles de journaux, ou des billets de blog.

En poésie (classique), la rime est importante. Dans une chanson (typique), ce sont les assonances qui comptent. Par exemple, singe / nage ou moi / noir peuvent très bien passer dans une chanson selon le contexte et le phrasé. Inconvénient, les dictionnaires de rimes ne servent à rien. Même chose en ce qui concerne le nombre de pieds, beaucoup plus variable, mais...

Le rythme est essentiel dans une chanson, et il peut être bien plus varié qu'en poésie classique où règne l'hémistiche. Les vers d'une chanson doivent respecter peu ou prou le même motif rythmique, celui qui est donné par la mélodie.

Les répétitions sont généralement mal vues en poésie. En chanson, pas de problème (demandez à Louise Attaque). Le procédé est particulièrement efficace dans un refrain.

Le refrain

Le refrain est une particularité de la chanson. Il en est le pivot, le centre de gravité,le point nodal, ce que l'auditeur en retiendra à la première écoute. Il doit donc être accrocheur. Par principe, il se répète dans la chanson et, encore une fois, la répétition d'un motif est bienvenue à l'intérieur de ce refrain, contrairement à ce que l'on peut lire ici et là.

Il reprendra le titre, si possible. Si d'ailleurs ce n'est pas le cas, on peut envisager de changer celui-ci.

Les couplets

La construction d'un couplet obéit à des règles beaucoup moins définies que celles du refrain. En gros, on fait ce qu'on veut dans le cadre du rythme de la mélodie et en respectant les assonances.

Le pont

Il s'agit d'une rupture dans la séquence couplet-refrain qui intervient typiquement aux 2/3 du morceau. On en distingue de deux types. Glissons sur le premier, instrumental, car il ne concerne en général que les soi-disant guitar-heroes pour qui l'heure de gloire est arrivée. En revanche, quand il est chanté, le texte doit refléter cette rupture. C'est le moment d'une révélation ou d'une apogée dramatique après laquelle l'orientation de la chanson aura changé.

La structure

Pendant l'écriture de ces divers éléments, la chanson se construit d'elle-même selon ce qu'on y raconte et l'ampleur de la logorrhée à laquelle on aboutit. Un grand nombre de motifs est possible, certains se retrouvant plus fréquemment que d'autres.

Le cas trivial est couplet - refrain - couplet - refrain - etc. que l'on peut noter ABAB. Un autre, classique, ressemble à : couplet - couplet - refrain - couplet - refrain - pont - couplet - refrain, noté AABABCAB.

Mais là aussi, on peut faire ce que l'on veut. Some Candy Talking de The Jesus And Mary Chain commence par un long couplet assez varié, passe à un court refrain qui n'est que le titre répété suivi d'un solo, débouche sur un couplet différent et termine sur le refrain. Et ça fonctionne.

On peut encore compliquer l'affaire avec un troisième thème musical induisant des textes construits sur un rythme différent. Ou une introduction pour le morceau, qui peut être chantée voire parlée, ainsi qu'une introduction au refrain dont on pourra se servir pour aérer un éventuel long ensemble de couplets au début.

Cependant, ces passages sont souvent instrumentaux, justement pour aérer l'ensemble. Cela permet aussi au chanteur de soigner sa pose inspirée / torturée tout en localisant l'endroit exact de la bière qu'il lui faudra aller chercher dans le noir à la fin du morceau sans en renverser sur les wedges de retour.

Go, Johnny, go

Ces travaux préparatoires effectués, il ne reste plus qu'à faire preuve de génie. Pour toi, estimé lecteur, je ne doute pas que ce soit très simple. Pour moi... je reste comme un imbécile devant ma page blanche... car en bonne capricieuse qui n'en fait qu'à sa tête, aucun raisonnement, aucune astuce ne convaincra l'inspiration de venir faire un petit tour, et plus si affinités, si elle n'en a pas envie.

Le Gecko Électrique

Logo Gecko Électrique

Le dénommé Kleuck fabrique des pédales d'effet qui, de l'avis général, tuent les ours à mains nues. Si la plus réputée dans le microcosme de certains forums est le Ballast Trouble Booster, un treble booster qui ajoute du grain au son, la Screamin' Red Toad m'intéressait spécialement pour remplacer une MXR Distortion + de 1974, parfaite avec des single coils, trop boueuse avec des humbuckers.

J'ai pris les deux sur la foi de quelques démos sur Youtube. Il a fallu quelques mois pour qu'elles arrivent ; c'est du fait main, avec peu de stock puisque l'activité ne fait que démarrer. La production semble un peu mieux maîtrisée aujourd'hui. Peut-être.

Screamin' Red Toad

Ça sonne. Putain de Dieu, qu'est-ce que ça sonne. Le Screamin' Red Toad fait exactement ce que j'en attendais : graou-graou, mais en respectant la dynamique du jeu. Les variations d'intensité au médiator sont parfaitement restituées, au contraire de pas mal d'autres overdrives. Oui, je parle bien de vous, Ibanez.

Tous les réglages sont utilisables, tous, et le son gagne toujours une qualité tubale qui rend l'effet quasiment indispensable quand on joue à travers un ampli à transistors.

Démonstration chez Kleuck. Et une autre par Mikka Grytviken.


Ballast Trouble Booster

Le Ballast Trouble Booster, lui, remplit un rôle déterminant et largement sous-estimé, celui du préampli qui monte le niveau au moment d'une intervention qui doit trancher dans le mix. Il en existe plusieurs variétés dont les clean boosts, qui ne font en théorie rien d'autre que monter le niveau de quelques dB, et les treble boosters qui ajoutent des aigus. Le BTB appartient à cette famille mais salit le signal pour l'enrichir et il fait très bien son boulot, comme j'ai pu le constater en concert. D'autres treble boosters passent mieux dans des amplis « à l'anglaise » (Marshall, Vox, Orange) que dans des amplis typés Fender dont le clean comporte déjà beaucoup d'aigus ; mais celui-ci fonctionne très bien avec un Hot Rod.

Là aussi, démonstration par l'exemple (et l'exemplaire Doc Loco).


Mais comment ça marche-t-y ? Les circuits restent secrets car, à force de réflexion et d'essais, Kleuck a trouvé quelques astuces inédites en matières de composants, de polarisation et d'architecture. Tout est connu mais le diable est dans les détails, et ces détails se retrouvent dans le spectre du signal traité. Et dans le son, car Kleuck n'est pas qu'un électronicien ; son principal outil de mesure est sa paire d'oreilles et ça s'entend.

Il n'empêche, j'aime essayer de comprendre. Sortons notre casquette de hacker et analysons tout cela. Rassure-toi, cher (et rare) lecteur, on va faire dans le graphique. Le visuel.

Prenons un signal vers les 250 Hz, celui d'une vuvuzela d'une onde sinusoïdale provenant d'un logiciel comme Audacity sur un portable dont la sortie audio est connectée à l'entrée ligne d'un autre PC. Il faut que le niveau de sortie soit compatible avec celui d'un micro de guitare, quelques centaines de millivolts, afin de ne pas fausser les résultats en attaquant l'effet de manière trop différente des conditions nominales. On peut alors le faire passer à travers ces pédales pour étudier l'onde qui en résulte.

Voici ce qui se passe, en gros. L'onde sinusoïdale de départ est traitée d'abord par le SRT, ensuite par le BTB, tous les potentiomètres étant réglés à 12 heures.

Dry - SRT - BTB

Pourquoi les formes d'onde sont-elles si différentes ? C'est que leur contenu harmonique l'est tout autant. Audacity, comme la piupart des logiciels de traitement audio, permet de lancer une transformée de Fourier rapide ou FFT.

Sinusoïde de base Le signal d'origine

SRT - Gain=12, Tone=12 Traité par le SRT, tout à 12h

BTB - Trouble=12, Boost=12 Traité par le BTB, tout à 12h


Screamin' Red Toad

La forme de l'onde - et le spectre - dépend bien sûr des réglages.

SRT Gain Tone Formes d'onde selon les réglages du SRT

On voit ci-dessous l'évolution du contenu harmonique du signal traité selon que le Gain et le Tone sont réglés à 12h ou à 16h.

SRT - Gain=12h, Tone=12h SRT, Gain=12h, Tone=12h

SRT - Gain=12h, Tone=16h SRT, Gain=12h, Tone=16h

SRT - Gain=16h, Tone=12h SRT, Gain=16h, Tone=12h

SRT - Gain=16h, Tone=16h SRT, Gain=16h, Tone=16h

L'intensité respective de chaque harmonique dépend donc avant tout du Gain, le Tone se contentant d'atténuer ou de renforcer uniformément les aigus.


Ballast Trouble Booster

Le Ballast Trouble Booster ne se laisse pas analyser si facilement. En théorie, il sert à monter le niveau et à renforcer les aigus en ajoutant du grain. Dans la pratique, on s'aperçoit qu'il retire des graves et que le contenu harmonique se restreint quand on monte le Trouble, alors qu'il reste constant quelle que soit la position du Boost. Ma version est la « First Run », un des premiers exemplaires fabriqués, avec deux potentiomètres. La version actuelle comporte trois réglages et le dernier permet de doser la coloration.

BTB - Formes d'onde 'Formes d'onde selon les réglages du BTB''

BTB-t10b10.gif BTB, Trouble=10h, Boost=10h

BTB-t12b12.gif BTB, Trouble=12h, Boost=12h

BTB-t12b14.gif BTB, Trouble=12h, Boost=14h

BTB-t14b12.gif BTB, Trouble=14h, Boost=12h

BTB-t14b14.gif BTB, Trouble=14h, Boost=14h

On ne s'en rend pas forcément compte a priori, mais le réglage des potentiomètres à 10 heures n'est pas intéressant quand on joue en groupe. Le son est trop riche, pas assez précis. Mon réglage favori est actuellement vers les 14 heures pour les deux réglages, là où le spectre est le moins fourni, comme s'il s'agissait en fait d'un filtre passe-bande. Une règle fondamentale du mixage veut que pour qu'un instrument perce, pas la peine de le monter ou de le rendre plus massif, il faut retirer des fréquences pour éviter que les instruments ne se marchent sur les pieds.


Et les autres ?

On va maintenant comparer avec d'autres pédales d'effet mais, comme je n'ai pas d'autre overdrive ni de booster, je vais prendre en exemple des distorsions classiques :

Une MXR Distortion + de 1974, Distortion à 12h

MXR Distortion +

Une vieille saleté italienne avec un circuit à la Fuzz Face, tout à fond

Playful Distortion

Une EHX Double Muff (en mode double), les deux potards à 15h

EHX Double Muff

Surprise, la EHX, à la dernière ligne, montre une courbe relativement similaire à la SRT.

Disto+ - Fuzz Face - Double Muff Formes d'onde pour une Distortion +, une Fuzz Face et une Double Muff

Mais ce n'est pas si simple qu'il y paraît et la SRT est en fait assez différente de la Double Muff par son contenu spectral, comme on pouvait s'y attendre à l'écoute (qui est quand même l'outil le plus fiable d'évaluation d'un effet)...

La Distortion + ne présente aucune harmonique seconde et peu d'harmoniques de rang élevé.

Spectre Distortion + MXR Distortion +, Distortion=12h

La pseudo-Fuzz Face fout un bordel insensé dans le spectre avec une harmonique seconde égale en intensité à la fondamentale et le reste à l'avenant, d'où sa courbe assez particulière.

Spectre FF Clone de Fuzz Face, Distortion=max

Pour la bonne bouche, l'analyse de son spectre montre que la Double Muff ne donne aucune harmonique paire mais beaucoup plus d'harmoniques de rang élevé. Ce dernier point explique qu'elle ne soit pas resté très longtemps sur mon pedalboard - assez bonne pédale, cela dit, mais pas ce que je cherchais. La Screamin' Red Toad donne un spectre plus complet et plus resserré.

Spectre Double Muff 15h*2 Electro-Harmonix Double Muff, Muff1=15h, Muff2=15h


Enfin...

N'oublions pas que ces mesures ont été effectuées in vitro et que le contenu harmonique peut changer en fonction du comportement de l'étage d'entrée de l'ampli dans lequel est injecté le signal, pour ne pas parler des caractéristiques propres à l'ampli lui-même et à son baffle. On peut donc faire ce qu'on veut de l'étude qui précède, comme s'en servir de référence pour comprendre un peu ce que font les effets de distorsion, ou pour savoir comment comparer une autre pédale. Ou la mettre au panier en considérant que l'auteur du billet est définitivement irrécupérable.

Daniel Darc

En allant poser des affiches pour l'album de Youpi Youpi Yeah chez Born Bad, rue Keller, je tombe sur Daniel Darc. Ça fait très longtemps qu'on se voit de loin, qu'on discute au hasard de rencontres espacées de quelques années, qu'on connaît les mêmes personnes. Do, par exemple, dont je lui apprends la disparition.


En décembre 78, Taxi Girl passait en première partie de Père Ubu au Bataclan et ça a été un flash immédiat, un peu comme quand j'ai vu les premiers concerts de Métal Urbain ou d'Extraballe. Cette impression de découvrir un paysage nouveau et pourtant immédiatement accessible, la perception aussi d'une volonté de se démarquer des copieurs anglophones pour faire quelque chose de personnel.

Taxi Girl - Olympia - avril 79 - cc by-nc-sa

Ensuite, ils avaient joué à l'Olympia avec Suicide Romeo et Modern Guy, avec un son différent dans mon souvenir, plus clair, qui allait leur rester, dans des costumes étriqués plus réminiscents de l'Europe Centrale que des USA. Les chansons étaient les mêmes, bien sûr, et le set commençait toujours par une reprise terriblement ralentie des Stooges. Toujours aussi la même présence sur scène, le show se partageant entre un Daniel Darc hanté et un Laurent "Captain V2" Sinclair virtuose. Mirwais Ahmadzaï bazardait ses riffs essentiels sur sa Guild S100 et la rythmique assurait sans faillir derrière. Ce concert-ci était la confirmation que quelque chose était en train de se passer, qu'un groupe vraiment important était né.

Enfin, alors qu'ils étaient désormais considérés comme les étoiles montantes du rock français, un concert de promotion au Palace devait les établir comme un produit bankable aux yeux des maisons de disques, le prochain groupe pop que l'on pourrait faire glisser sans mal vers la variété. Ceux qui s'attendaient à cela faisaient bon marché de la personnalité des gus en question qui avaient invité tous leur potes punks, zonards, autonomes à venir occuper le parterre. Les cinq Taxi Girl déboulèrent sur scène en pantalon rouge et Perfecto pour un concert incendiaire devant un pogo dévastateur.

La suite est connue. Mankin, Cherchez le Garçon, les veines tranchées sur scène, le départ de Stéphane le bassiste, le speedball de trop de Pierre le batteur, la collaboration avec Jean-Jacques Burnel pour l'album Seppuku, Paris, la séparation, les années de galère, Mirwais l'Afghan underground devenu producteur de Madonna, le retour miraculeux de Daniel Darc. Trente ans plus tard, donc, le concert de l'Olympia, où Christophe avait joué une chanson sur scène, avait été impressionnant de maîtrise et de présence scénique.


Les mains tremblent mais le regard reste attentif, chaleureux, intense. Un peu comme sa voix, faible en apparence, mais prenante. Courbé devant la pile des disques qu'il a choisis, Daniel rigole en parlant de country - pas n'importe laquelle : Johnny Cash bien sûr, Kris Kristofferson, Merle Haggard - car je lui parle de Mental Revenge de Waylon Jennings, la version de 1966, qu'il ne connaît pas. On sort pour regarder sur son iPhone complètement déglingué un Jennings tiré à quatre épingles énoncer ces paroles de haine et de désespoir avec un sourire enjôleur. Marrade. « Tu crois que je peux la reprendre ? » Ben tiens.

On en revient à notre vie, à nos parcours respectifs. Pour ma part, j'ai toujours travaillé en dehors de la musique, d'abord parce que je me suis débrouillé pour bosser dans des domaines intéressants, ensuite aussi pour ne jouer que ce qui me plait, sans contrainte extérieure. Lui s'est lancé à fond et a réussi. Entre galères et succès, il a sorti des disques, tourné et imposé sa musique, sans concession. Je lui donne ma vision de son parcours. Il répond « Tu sais, on me voit comme une star, on se dit que je suis plein aux as, alors qu'il y a eu des jours où je ne bouffais pas. Mais j'ai toujours fait ce que je voulais et rien d'autre. »

Chapeau l'artiste.

Diaspora*

Coïncidence. Le jour où je m'inscris enfin sur Facebook pour accéder aux photos du concert d'il y a 15 jours, un article sur Slashdot renvoie vers le projet de 4 étudiants de NYU. Diaspora* vise rien moins qu'à remplacer Facebook, non comme ce dernier avait remplacé Myspace, Friendster et Orkut, mais en utilisant un nouveau paradigme, celui de la décentralisation.

Dans Diaspora*, aucune donnée ne résiderait sur des serveurs centraux. Toutes les communications seraient chiffrées par GPG. Les utilisateurs géreraient leur propre espace selon les fonctionnalités de publication, de droits d'accès, etc. offertes par le protocole.

Notez le conditionnel. Rien n'existe encore. Ces quatre zozos doivent passer leurs examens de fin d'année avant de consacrer l'été au codage de la V1. Cependant, ils ont eu une très bonne idée et leur solution semble à moitié se tenir. Ils ne sont pas les seuls à l'avoir eue mais eux ont su la communiquer - il n'y a qu'à voir leurs vidéos où la petite bande explique le concept devant un tableau noir. Ils savent aussi se donner les moyens de leur politique en lançant une souscription sur Kickstarter en demandant $10000 pour remplacer l'argent de leurs stages et de leurs boulots d'été.

Ils en sont aujourd'hui à $130000 et ça continue de grimper.

J'ai donné $5, comme je donne une pièce dans le métro à un musicien qui, lui, au moins, ne reprend ni les Beatles ni la variété des années 70. J'ai contribué à ce projet-qui-n'existe-pas comme plus de 3500 personnes parce que cette équipe voit le monde sous la coupe de Skynet et veut le changer en rendant aux gens la propriété de leurs données. Rien que cette volonté-là mérite mes $5. Le montant astronomique des sommes récoltées pour rien d'autre qu'un vaporware montre, ou plutôt confirme, autre chose : plein de monde en a marre de Skynet au point de saisir au vol n'importe quelle autre option, n'importe quelle promesse de possibilité.

La trajectoire de Facebook pourrait avoir atteint son apogée, et c'est à ce moment précis que je m'y inscris... Coïncidence ? Aucune. Je voulais voir des photos qui ne sont disponibles nulle part ailleurs, parce que, de lieu de rencontre dispensable, Facebook montre maintenant son vrai visage d'espace clos, fermé à l'Internet, où se trouvent des données accessibles uniquement en s'y inscrivant. Et il devient maintenant trop incontournable pour rester tolérable.

Cela explique le succès de Diaspora*, à qui je souhaite de résoudre les problèmes insensés dûs à la décentralisation des ressources. Allez-y les gars, ce n'est pas grave si vous vous plantez. D'autres viendront de toute manière prendre le relais si j'en juge par la motivation de vos contributeurs.

Le Knou aux BBB

Concert pour Do aux Trois Baudets le 30/4 avec entre autres le Knou, ce jam-band qui n'avait pas joué ensemble depuis 6 ans. Juste une répétition de 2 heures la veille pour tenter de comprendre comment fonctionnaient les morceaux d'aprés une vieille vidéo. Delphine à la basse à la place de Do, au lieu de la baryton. Paul à la batterie, JuJu au saxophone à coulisse, à la scie musicale électrique, au theremin. Margot, chant.

Balance. Ok pour les autres, dirait-on. Pour moi, rien de clair, aucun moyen de savoir quoi jouer et quand.

Après Kni Crik¹ et Youpi Youpi Yeah², montée sur scène, premier morceau, facile celui-ci, double stops en contre-temps plus passages en bourdon. Mais ensuite, ce 5/4 ? Bon, alors, fuzz et reverb à fond, calé au bord du larsen, puls silence quand Margot chante, etc. Troisième morceau, plus évident, mais pas de Rickenbacker sur scène, squattée par Yan backstage. Pas grave, Gretsch/TV Jones power, idem que pour le précédent, le son modulé par la position devant l'ampli. Dernier morceau à la basse, la Jacobacci, pour Roger J. disparu l'avant-veille.

Sortie de scène. « Parties de guitare super », « vraiment bien joué »...

Pardon ?

Mystère et boule de gomme.



¹ Le groupe sans basse dans lequel Do jouait de la basse, les Magma de l'indus ethnique, tout en percussions cette fois-ci.

² Avec Vinz à la basse pour remplacer Do, héroïque.

AES en images

A Stick Figure Guide to the Advanced Encryption Standard (AES) est l'explication la plus claire et la plus marrante que je connaisse de cet algorithme de chiffrement.

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