Coïncidence. Le jour où je m'inscris enfin sur Facebook pour accéder aux photos du concert d'il y a 15 jours, un article sur Slashdot renvoie vers le projet de 4 étudiants de NYU. Diaspora* vise rien moins qu'à remplacer Facebook, non comme ce dernier avait remplacé Myspace, Friendster et Orkut, mais en utilisant un nouveau paradigme, celui de la décentralisation.

Dans Diaspora*, aucune donnée ne résiderait sur des serveurs centraux. Toutes les communications seraient chiffrées par GPG. Les utilisateurs géreraient leur propre espace selon les fonctionnalités de publication, de droits d'accès, etc. offertes par le protocole.

Notez le conditionnel. Rien n'existe encore. Ces quatre zozos doivent passer leurs examens de fin d'année avant de consacrer l'été au codage de la V1. Cependant, ils ont eu une très bonne idée et leur solution semble à moitié se tenir. Ils ne sont pas les seuls à l'avoir eue mais eux ont su la communiquer - il n'y a qu'à voir leurs vidéos où la petite bande explique le concept devant un tableau noir. Ils savent aussi se donner les moyens de leur politique en lançant une souscription sur Kickstarter en demandant $10000 pour remplacer l'argent de leurs stages et de leurs boulots d'été.

Ils en sont aujourd'hui à $130000 et ça continue de grimper.

J'ai donné $5, comme je donne une pièce dans le métro à un musicien qui, lui, au moins, ne reprend ni les Beatles ni la variété des années 70. J'ai contribué à ce projet-qui-n'existe-pas comme plus de 3500 personnes parce que cette équipe voit le monde sous la coupe de Skynet et veut le changer en rendant aux gens la propriété de leurs données. Rien que cette volonté-là mérite mes $5. Le montant astronomique des sommes récoltées pour rien d'autre qu'un vaporware montre, ou plutôt confirme, autre chose : plein de monde en a marre de Skynet au point de saisir au vol n'importe quelle autre option, n'importe quelle promesse de possibilité.

La trajectoire de Facebook pourrait avoir atteint son apogée, et c'est à ce moment précis que je m'y inscris... Coïncidence ? Aucune. Je voulais voir des photos qui ne sont disponibles nulle part ailleurs, parce que, de lieu de rencontre dispensable, Facebook montre maintenant son vrai visage d'espace clos, fermé à l'Internet, où se trouvent des données accessibles uniquement en s'y inscrivant. Et il devient maintenant trop incontournable pour rester tolérable.

Cela explique le succès de Diaspora*, à qui je souhaite de résoudre les problèmes insensés dûs à la décentralisation des ressources. Allez-y les gars, ce n'est pas grave si vous vous plantez. D'autres viendront de toute manière prendre le relais si j'en juge par la motivation de vos contributeurs.