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Les tueurs

Quand j'étais jeune et beau, je piratais des vynils. J'étais un tueur.

C'est du moins ce qu'affirmait cette campagne de publicité de l'époque.

Home taping is killing music

Avec mon pote Jipé, on se partageait les achats de disques. À toi le dernier maxi de Cabaret Voltaire, à moi le mini-33t des Flamin' Groovies chez Skydog. Chacun recopiait ensuite avidement les galettes noires de l'autre sur cassette. Cette pratique était assez répandue à l'époque, mais surtout chez les passionnés, et ne choquait que les majors qui n'en retenaient qu'un hypothétique manque à gagner.

Crétins.

Épiciers.

Je n'ose pas imaginer le montant total des sommes englouties chez les disquaires de l'époque. Presque tout mon fric y passait. Il n'empêche : je piratais.

Je tue beaucoup moins les maisons de disques, ces jours-ci, voire quasiment plus. Probablement parce que l'actualité musicale m'enthousiasme moins qu'auparavant (les torts sont partagés entre cette actualité et moi) et, d'ailleurs, j'achète également beaucoup moins de musique.

D'autres s'en chargent à ma place. Je constate que presque chacun est un criminel aujourd'hui, disons presque tous les amateurs de « musiques modernes ». Il y a bien sûr énormément d'abus, de freeloaders, et on y reviendra. Pourtant, nombreux sont ceux qui continuent d'acheter des disques. Comment cela se fait-il, alors que presque tout est disponible gratuitement sur l'Internet ?

Les épiciers de la musique ne peuvent pas le comprendre. Ce n'est pas qu'ils ne le veuillent pas ; ils n'en sont tout simplement pas capables. Le fait que le public puisse payer volontairement se situe au-delà de leur horizon mental. L'analogie avec les musiciens des rues à qui on donne une pièce ne saurait entrer en ligne de compte.

Allez donc expliquer à ces soi-disant industriels que le vrai modèle de leur métier est la mendicité.

Dans ce modèle, donne qui veut. Certains mettent une pièce dans le nourrin ; pas tous, loin de là, mais le système de la manche fonctionne assez bien pour que, dans les années 1990, un bon chanteur des rues que je connaissais ait pu gagner 8000 FF par mois pour 4 heures de travail par jour dans le métro et devant les terrasses des cafés.

Mais nous ne vivons plus au moyen-âge. Toute activité évolue et les biens de consommation ne sont plus fabriqués par des artisans comme auparavant.

Pffff. D'abord, il ne s'agit pas de simples biens de consommation mais aussi de biens culturels. Et d'œuvres immatérielles, les produits finis étant reproductibles ad libitum ; il est assez amusant d'entendre parler de modernité par ceux-là même qui ont totalement raté le virage de l'Internet. À quoi rime-t-il de vouloir « industrialiser » une activité artistique dans un contexte post-industriel ?

Mais encore, l'attitude de fermeté actuelle, accompagnée de moyens techniques appropriés, n'est-elle pas justement un garde-fou permettant la vente légale de musique, ce qui permet de continuer à produire de nouvelles œuvres ?

Rien à voir. Beaucoup de gens achètent de la musique parce qu'ils trouvent naturel de payer pour cela. C'est une question de culture, pas de peur du gendarme. Il faudrait d'abord que les outils de la répression soient efficaces, ce qui n'est pas le cas par ici (et l'infrastructure rêvée par les créateurs d'HADOPI ne fait que révéler leur incompétence). Aux USA, où la RIAA s'est donnée les moyens de sa politique, l'échec est tout aussi patent qu'ailleurs. Le gendarme ne fait pas peur... et les seuls à avoir profité de la prohibition des années 30 aux USA ont été les mafiosi. L'essentiel est que le chiffre d'affaires soit suffisant pour continuer l'activité de production, que suffisamment de gens continuent d'acheter de la musique.

Les protections, les systèmes de DRM, ne fonctionnent pas et la raison en est simple. L'idée consiste à donner au consommateur un produit sous clef qu'il ne pourrait utiliser que dans des conditions définies par le producteur. Il faut malgré tout fournir la clef, qui permet d'accéder au produit en lecture - et, là, c'est fini, plus de protection. Le rêve des producteurs est théoriquement possible : un véritable coffre-fort dont le contenu ne serait accessible qu'en utilisation mais qui serait impossible à lire. Si le concept semble étrange, le standard PKCS#11 des cartes à puce et autres matériels cryptographiques décrit précisément ce principe de fonctionnement. Mais le prix, la durée de vie et la capacité des HSM rendent ce rêve inaccessible pour longtemps. D'ailleurs, il faudrait au préalable en finir avec le trou analogique et c'est encore une autre histoire.

Mais enfin, la banalisation du piratage pose des problèmes moraux indéniables. Comment justifier que l'on puisse jouir d'une œuvre sans rétribuer ni les artistes ni ceux qui permettent la mise à disposition de cette œuvre ?

Cet argument constitue le nœud du problème et, de fait, le piratage est moralement condamnable. Cela ne peut prêter à discussion. Ce comportement doit-il pour autant ressortir du pénal ? Il existe des exemples de telles pratiques réprouvées mais tolérées : l'abstention électorale ou la prostitution, entre autres. Or, le garde-fou dans ces deux cas est justement le sens moral et le législateur n'a jugé ni utile ni nécessaire de pénaliser ces pratiques. Encore une fois, une grande partie du public est prêt à se mettre de lui-même en règle avec sa conscience, aux écarts près.

Maintenant, que faire ? Trois choses.

UN

Il faut d'abord accepter la réalité telle qu'elle est. On ne peut combattre le piratage ni par la loi, ni par la technique. Il fait partie du paysage et il faut vivre avec. Cela n'implique aucune justification morale : encore une fois, d'autres pratiques mal vues par la société sont admises dans la pratique.

Mais il y a mieux. Revenons au début de ce billet, quand j'étais jeune et beau. Et désargenté. Je ne pouvais donc acheter qu'un ou deux albums par mois alors que la production « intéressante » était bien plus abondante. Il fallait aussi compter avec les places de concert et les instruments de musique - car il était alors hors de question de rester de simples consommateurs passifs, il fallait faire partie de la scène sur tous les plans.

Musiciens et pirates, cela peut surprendre. Pourtant, tous les musiciens que je connais - et j'en connais beaucoup - piratent peu ou prou. Et achètent de la musique aussi, car les deux comportements ne sont pas incompatibles mais complémentaires.

Il faut noter l'absence complète de scrupule du pirate quand il achète de la musique par ailleurs. Puisque son budget est limité, il n'aurait de toute manière pas acheté le CD ou le MP3 qu'il a piraté. Cet acte lui permet de découvrir d'autres artistes que ceux qu'il connaît déjà ou qu'il peut se permettre d'essayer au hasard. Le piratage a une réelle utilité en permettant la diffusion d'artistes peu connus alors que les médias grand public, TV, radios et journaux spécialisés, loin de jouer les découvreurs, privilégient les productions les plus vendeuses pour des raisons évidentes. On voit aussi que le piratage ne fait pas seulement partie du paysage mais de tout l'écosystême de la production musicale. Et pas seulement en tant que parasite, mais en tant que constituant actif du système.

Bienvenue dans le monde des Bisounours, pour reprendre une expression à la mode ? Au contraire, bienvenue dans le monde réel. Adieu au commerce de la musique tel qu'il existait avant l'Internet. Adieu au culte du cargo.

DEUX

Ensuite ? Il faut encourager les comportements responsables. Rien ne peut se faire sans la participation active du public. Il y a du boulot, c'est sûr, d'autant plus que le seul résultat tangible des campagnes anti-piratage a été une totale déresponsabilisation de ce public, dont l'état d'esprit oscille entre « pas vu pas pris » et « pas de cadeau à cette bande d'enfoirés ». Et voilà comment la culpabilisation a priori des clients par les maisons de disques offre sur un plateau une justification morale aux freeloaders.

Cette mentalité doit changer et cela n'est possible que si l'attitude des majors change aussi. De toute manière, c'est ça ou elles crèvent. Et dans ce cas, plus de Madonna, plus de J-Lo, plus de boy-bands... Perspective séduisante, si l'on oublie les victimes collatérales : les artistes pas ou peu connus qui ont besoin de soutien financier et logistique, et les petits et moyens labels montés par des passionnés pour des passionnés.

TROIS

Il faut de nouveaux moyens de distribution tirant parti des possibilités d'Internet. Pour de vrai. Pas comme font ces incapables des majors :

  • Incapables de s'adapter aux nouvelles technologies dans un premier temps ;
  • Incapables de proposer de nouveaux modèles ensuite ;
  • Incapables de comprendre leurs propres clients, encore et encore.

Ces trois démonstrations d'incompétence suffisent à elles seules à expliquer le succès d'Apple, ce constructeur de matériel informatique devenu premier distributeur de musique en ligne dans le monde malgré les réticences des distributeurs traditionnels. S'il y a un marché que les structures en place n'arrivent pas à satisfaire, d'autres prennent la relève. Aujourd'hui, c'est l'iTunes Store ; demain, ce sera peut-être au tour du modèle du forfait en ligne ou d'un modèle encore inconnu.

OUI, MAIS

Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? Je ne vois que les narines qui poudroient et les billets qui verdoient.

HADOPI est passée en force, pour un résultat sans aucun doute aussi nul que DADVSI en son temps. Les majors inondent toujours les médias de rapports fondés sur des évaluations non vérifiées, rapports qui se citent les uns les autres pour se donner plus de poids.

UMG, qui a perdu le quart de son chiffre d'affaires entre 2000 et 2007, continue de gagner de l'argent. Pourquoi tout changer, pourquoi prendre des risques alors qu'il est payant de s'arc-bouter sur des positions purement défensives, alors qu'on peut jouer les bons gestionnaires devant le conseil d'administration ? Après Nègre le déluge.

Alors on dégraisse. Il y avait de la marge, à en juger par les notes de taxi chez EMI en 2008, mais aujourd'hui Abbey Road est à vendre.

Parallèlement, on observe de grandes manœuvres du côté des tourneurs. Ce métier, autrefois simple annexe promotionnelle des maisons de disques, devient aujourd'hui l'objet de toutes les attentions. D'une part, les salles de concerts ne désemplissent pas ; d'autre part, cela permettrait aux labels d'extorquer plus d'argent aux artistes, dans le même esprit que les fameux contrats « 360 » où la maison de disques s'arroge des points non seulement sur les enregistrements, mais sur tous les revenus d'un artiste y compris les droits dérivés et les recettes des concerts.

Bref, on n'est pas sortis de l'auberge. La crise continue parce que l'environnement, l'écosystème, de la musique a changé pour toujours et que les décideurs ne veulent pas s'en rendre compte. Ils préfèrent accuser de tous les maux le piratage, comme d'habitude, plutôt que de s'interroger sur un possible modus vivendi avec un phénomène inévitable. Les vrais tueurs ne sont pas ceux que l'on croit et, dans leur course, ils foncent dans le mur en embarquant tout le monde avec eux.

SLAB - Slug Audio Blaster

Après le Phaseur Arduino, l'étape suivante était logiquement un système embarqué sous Linux afin de pouvoir gérer assez de RAM pour des effets comme l'echo et, peut-être, la reverb, en plus du flanger. Enfin, un vrai système d'exploitation avec un compilateur et un serveur SSH ! Ça change de l'IDE limité et des transmissions série de l'Arduino. Parfois, j'aime mes aises. Et une vraie carte-son permet de s'affranchir des bricolages d'I/O analogiques et d'obtenir un rapport signal-bruit correct.

Parmi tous les matériels compacts pouvant tourner sous GNU/Linux, le Linksys NSLU2, alias Slug, est un choix logique parce qu'il est très largement supporté et qu'il comprend 2 ports USB. Plusieurs distros pour processeur ARM sont disponibles dont SlugOS/LE, qui ne m'a pas convaincu (trop compliqué à customiser, surtout alors que je pensais encore utiliser jack) et Debian. Le seul vrai inconvénient de Debian est l'ajout obligatoire d'espace disque supplémentaire, ce qui implique d'utiliser un des ports USB pour une clef de 2Go. La carte-son choisie est un dongle USB appelé C-sound, compatible usb-audio, trouvé sur eBay pour 4 €.

Le contrôleur ? Une wah chinoise à 16 € (+fdp) dépouillée de son électronique et un peu bricolée pour pouvoir se servir réellement du switch. N'importe quelle wah mécanique fera l'affaire, en évitant de préférence les wah chinoises comme la mienne qui ne sert qu'à prototyper. Les Morley, Behringer et autres pédales à commande optique sont donc à oublier pour l'instant. Le potentiomètre de 100 kΩ est connecté à un convertisseur 15 broches analogigue -> USB. Sa résolution de 7 bits n'est ni plus ni moins pathétique que les joysticks USB habituels mais les potards de ceux-ci ne sont pas compatibles. Il faudrait aussi que je retrouve ce fabricant anglais de convertisseurs analogique-numérique pas trop chers, qui ont une bien meilleure résolution.

Ok, il faut trois ports USB au total, donc ajouter un hub. Pas grave car il peut être passif, mais le joystick doit être connecté en direct sinon il marche très mal (un hub actif n'y change rien). Deux câbles USB vont donc de la pédale au Slug.

Ensuite, quelle couche logicielle attaquer ? Jack est tentant sur le papier mais, sérieusement, il n'y a ici rien à multiplexer et ses capacités « temps réel » dépendent avant tout de la couche ALSA sous-jacente. Malgré l'étrange avis du tutoriel de l'API ALSA concernant le full-duplex (In a word: JACK), on peut parfaitement lire et écrire sur la même carte-son.

Le code, sous GPL, est structuré en gros en :

  • Thread séparé du joystick ;
  • Initialisation de la carte-son en full-duplex ;
  • Boucle de traitement avec l'enchaînement d'effets ;
  • Diverses fonctions de gestion des indicateurs lumineux, d'affichage de debug, gestion des signaux, etc.

Dans les données, on notera surtout

  • procbuf, le buffer circulaire où le signal est traité ;
  • joyval, indiquant la position du potard de la pédale, dont il faut intégrer les variations pour éliminer les fluctuations engendrant des distorsions ;
  • sinus, un tableau de valeurs pre-calculées pour pallier l'absence de FPU sur cet ARM.

On compile le source unique par :

$ gcc -g -Wall -lasound -lthread -o slab slab.c

et c'est tout. Si l'exécutable résultant est lancé par root, il permet en plus de commander les petites lumières du Slug qui indiquent quels effets sont enclenchés. Le flag -d fait afficher des messages de debug.

ALSA ne se laisse pas programmer facilement. Comme le rappelait déjà Alan's clob en parlant de ses efforts sur Gnuitar, il faut en passer par une palanquée de fonctions de bas niveau quand, la plupart du temps, on voudrait simplement ouvrir une carte-son avec des paramètres par défaut. Heureusement, ALSA fournit des variantes suffixées par _near pour ajuster les paramètres en interne si ceux qui ont été passés ne correspondent pas exactement à ce qu'accepte la carte.

L'echo et le flanger fonctionnent plutôt bien. Il faut intégrer la valeur du joystick de manière différente dans les deux effets pour ne pas voir apparaître d'altération. Pourquoi ? Parce que je ne sais pas m'y prendre, probablement.

La distorsion modélise plus ou moins un étage de sortie en push-pull d'ampli à lampes. Plutôt moins que plus, hein. Disons qu'il génère un bon paquet d'harmoniques tierces grâce à une fonction de transfert en quart d'onde sinusoidale, qu'on applique récursivement pour accentuer l'effet.

Le gros problème est la latence, dans les 22 ms, en partie due au bus USB auquel est raccordé la carte-son. Ce délai est perceptible (il gêne le jeu) sur les effets non temporels comme la distorsion ; beaucoup moins sur les effets d'ambiance où la précision est moins cruciale. L'USB n'est pas le seul coupable car j'observe aussi des latences avec la carte-son d'un vieux portable IBM 240 sur lequel tourne le programme.

En conditions réelles, on doit pouvoir sélectionner deux effets par les poussoirs rouges situés devant la pédale. Un troisième, plus petit, situé juste au-dessous d'eux, permet de réinitialjser le programme - en fait de l'interrompre, le système le relançant par une boucle dans /etc/rc.local - au cas où une série de write_underrun engendre un délai énorme (une seconde) que l'on ne peut plus faire disparaître : il faut resetter toute la stack ALSA. Je ne maîtrise pas encore tout de l'API, d'où peut-être ce délai étonnant qui apparaît au playback quand, lors des tests, le traitement s'effectue aux dépens des I/O.

La latence de base et l'absence de FPU limitent sérieusement les possibilités. Il faudrait tester avec un système du type PC embarquant une carte-son intégrée mais cela reviendrait beaucoup plus cher que les 140 € de l'ensemble. Un vieux portable comme l'IBM dont il est question plus haut pose des problèmes potentiels de fiabilité (disque dur, à remplacer par de la SSD ?) et de solidité mécanique (boîtier plastique) qui interdisent son utilisation sur scène. Et la latence n'y disparaît pas totalement, loin de là (qu'en dit le projet Gnuitar ?). Je recherche surtout une manière de lire les trames USB au plus bas niveau pour démiauler les données brutes et les réinjecter directement après traitement. Sans trop d'espoir, mais à vrai dire sans trop de motivation non plus : quand le système sera complètement intégré, d'ici quelques soudures, il fera malgré tout exactement ce qui lui était demandé au départ, et je pourrait l'intégrer à mon pedalboard pour remplacer la Cry Baby qui remplace l'airFX.

Les photos !

Le Slug et la carcasse de wah : SLAB - premier essai

Les éléments, de haut en bas - NSLU2, hub sur lequel est monté clef USB et carte-son, convertisseur joystick, carcasse (sans les boutons) : SLAB 2

L'intégration dans le boîtier : Slab complet

Les samples !

Premier essai. Clairement, cette pédale souffre, il faut faire quelque chose.

Ça marche ! Son clean, en direct sur une console de mixage.

Avec une fuzz devant, on peut jouer avec la résonance pour obtenir une mélodie par-dessus les accords. La résolution imparfaite du convertisseur USB donne des notes discrètes au lieu d'un portamento continu.

Les liens !

Le grand bluff

Ce graphe n'est pas très connu et il faut aller le chercher sur The Oil Drum. Il s'agit de l'évaluation des réserves pétrolières des pays de l'OPEP année après année.

Reserves petrolieres

Que s'est-il passé dans les années 80 pour avoir causé une telle croissance des réserves estimées ? La découverte de nouveaux champs de pétrole ? Absolument pas.

À cette époque, la production annuelle autorisée par l'OPEP a été indexée sur ces mêmes estimations, qui sont librement décidées et révisables par chaque pays. Hop, que voilà un joli tour de passe-passe pour pouvoir produire plus...

Atterrissage prévu entre 2012 et 2015. Attachez vos ceintures.

Enfin !

Un précédent post parlait du coffret Dazibao.

Il est sorti après des mois d'attente.

Coffret

LoV Space Charger

C'est bien joli, le bricolage d'amplis guitare à lampes, mais c'est dangereux aussi. Et les amplis eux-mêmes crachent fort : le moindre petit 5W est trop puissant en appartement quand on le pousse un peu. On se fait engueuler, et moi je suis pour la paix des ménages, surtout du mien. Heureusement, certaines lampes américaines "low-voltage" d'autoradio des années 60, dites à espace de charge, fournissent 40mW sous 12V (pour 10% de THD). Le principe de l'espace de charge consiste à polariser la première grille d'une tétrode ou d'une pentode pour accélérer les électrons de manière à compenser la faible tension de fonctionnement, comme une sorte d'accélérateur de particules de poche.

La 12K5 est la plus connue des lampes de puissance à espace de charge, mais la 12AL8 est un « compactron » intégrant une triode et une tétrode de puissance. On doit bien atteindre le quart de watt à fond avec une saturation maximale. D'autres peuvent tout aussi bien faire l'affaire, comme :

  • 12EC8 - triode + pentode
  • 12DY8 - triode + tétrode
  • 12FR8 - diode + triode + pentode

Quant aux lampes européennes, les EF98, EBF83, etc. étaient elles aussi conçues pour fonctionner sous 12V mais leur conception restait classique, et je ne connais pas de combo préampli/puissance dans la même enveloppe. Les autoradios n'étaient peut-être pas aussi fréquents à l'époque en Europe qu'aux USA, où les investisements industriels nécessaires à une nouvelle conception pouvaient paraître rentable.

La 12AL8, donc. Les specs incluant un schéma d'exemple, pas besoin de calculer les valeurs des composants (ce qui n'exclut pas de vérifier tout ça à titre d'exercice). Les schémas trouvés chez Sophtamp font intervenir une double triode en préampli ; pourquoi pas, mais je voulais encore plus simple, alors que les forums américains et allemands restent sur la même architecture. Et puis je ne suis pas très d'accord avec cette polarisation, je préfère en rester à celle des spécifications. Les premiers essais permettent de vérifier que le gain de la triode est trop faible et qu'il faut un premier étage de préampli. J'ai choisi un montage maintenant classique à la très bonne réputation, avec un FET au milieu de 3 ou 4 composants. Bref, l'architecture est hybride, ce qui permet de limiter la consommation électrique des filaments de chauffage. Le transistor est ici un BF245 (sur les conseils de l'excellent Kleuck, le Gecko Électrique) car il existe en 3 grades selon la polarisation désirée. Cela évite de les trier.

La question du transformateur de sortie pose plusieurs problèmes : il faut en trouver un avec le bon rapport d'impédances (de l'ordre de 100X), qui ne soit pas trop surdimensionné, pour un étage de sortie single-ended. Pas facile. Un transfo d'alimentation, peut-être ? Mais ce genre de bestiau est optimisé pour le 50/60 Hz, pas forcément pour le reste du spectre audio. La réponse est encore venue des forums américains et allemands où on préconisait l'utilisation d'un transfo ligne pour sono. Ceux-ci sont effectivement assez petits avec des rapports d'impédances corrects mais ils sont conçus pour une sortie en push-pull : il n'y a pas de vide au niveau de l'entrefer qui empêche la saturation du noyau par la composante continue due à la polarisation de l'unique lampe de sortie. Ce n'est peut-être pas grave car je pense qu'en fait la très faible tension ne suffit pas à saturer le noyau - on parle de 12V ici, pas de plusieurs centaines comme sur les amplis classiques. Il y a sur la baie des Monacor TR 1010 LC qui conviennent parfaitement.

LoV1.jpg

Étant donné le peu de composants mis en œuvre, autant faire le plus petit ampli possible, quitte à l'intégrer ensuite dans une caisse contenant un haut-parleur pour obtenir le micro-combo ultime. On trouve des petits coffrets alu pour 5€ sur lesquels le transfo de sortie se greffe tout juste.

LoV Space Charger

Résultat ? Surprise, il est assez puissant pour couvrir une conversation si on le branche dans un bon baffle. Une alimentation de 12V/1A lui suffit largement, donc aucun buzz et aucun danger d'électrocution. Et il est moche, mais les gens l'adorent : une synthèse parfaite de gomi et de kawaï, en quelque sorte.

Il sonne !

Il sonne un peu comme un Fender Champ à fond, bien cradingue mais suffisamment chaud pour ne pas lasser. On entend ici une Rickenbacker 620 à simples bobinages, volumes à moitié, en direct dans l'ampli, volume au quart. Le grain des micros est parfaitement respecté ; ce qui n'est pas le cas des TV Jones Power'tron de ma Gretsch, qui envoient trop de bois et rendent le son boueux, un peu comme sur le FR107.

Ensuite ? Peut-être un push-pull de tétrodes ou pentodes classiques montées en espace de charge, la première grille étant donc connectée au B+ sous 12V. On peut même prendre des lampes quelconques de récupération et les tester tout simplement après avoir consulté les specs - elles sont sensées fonctionner d'autant mieux que le circuit de chauffage consomme plus et que la tension d'anode nominale est plus faible. L'étage de préampli peut être assuré par une 12AU7 classique dans ces confiqurations ou par le même FET que ci-dessus, éventuellement doublé en série. Et en remplaçant la résistance et le condo de la cathode par une LED rouge. On peut aussi envisager deux compactrons... etc.

nxv - networked xv

Je suis un vieux con.

Un vieil Unixien (depuis System III en 1983) qui a du mal à perdre ses habitudes.

Un des programmes installés par les premières Slackware, vers 1994, s'appelait xv et permettait de visualiser des images, et d'effectuer des manipulations de base, le tout en quelques touches et quelques clics de souris. L'espace pris sur le "screen estate" restait minimal. Comparé à display, dont il est impossible de sortir par une action au clavier, à gqview et ses widgets inutiles, xv est un rêve d'ergonomie - l'ergonomie étant, pour un vieux con, idéalement définie par un programme comme vi : une action, une touche. :-)

Mais xv est vieux, lui aussi. Il ne gère pas les formats de fichiers modernes. Il se comporte bizarrement avec certains window managers (l'option -nolimits ne fonctionne pas sous Gnome, Sawfish refuse les actions previous-workspace et next-workspace vers un espace où une image est maximisée). Il n'est plus maintenu que par une petite communauté d'utilisateurs qui diffusent des patchs malheureusement incompatibles : je n'ai jamais réussi à accepter en même temps le PNG et les différents formats JPEG. Alors que display accepte les URL en argument, xv ne gère que les fichiers locaux.

C'est probablement la paresse de m'habituer à un autre visualisateur d'images qui m'a poussé à passer plusieurs heures sur un wrapper donnant à xv la fonctionnalité qui me manquait le plus : l'accès par le réseau. Le processus de téléchargement dans un fichier temporaire a donné aussi la possibilité de convertir les formats « difficiles » vers des formats connus de xv, de PNG vers GIF et de JPEG vers JPEG. Il y aurait sûrement plus propre et plus rapide que ma manière de faire mais, au moins, ça marche. Le script nxv attaché en pièce jointe est le résultat de mes élucubrations. S'il lui faut une licence, qu'elle soit BSD. Ou WTFPL.

Edit: Le système de pièces jointes de Dotclear est borké. Voici le lien direct : nxv

Pour en finir avec le public ennemi (redux)

Dans la série « On ressort les cadavres du placard »...

Forfait-musique-en-ligne_JeanZundel_2008-11-17.pdf
Flatrate-online-music_JeanZundel_2008-11-17.pdf

J'ai écrit ce texte il y a 18 mois pour développer une idée nouvelle de distribution de musique en ligne. On dit communément de son idée qui n'a pas eu de suite qu'elle était trop novatrice. Celle-ci l'était certainement - elle l'est toujours - même si ce n'est pas la seule raison de son manque d'écho (il faut savoir vendre, par exemple). Un temps publié sur immatériel.fr, il a maintenant disparu du serveur. Le revoici pour que les moteurs de recherche le remettent à la disposition du public.

L'idée provenait de l'association de trois concepts-clef :

  • Les gens préfèrent payer au forfait plutôt qu'à la quantité ;
  • La personnalisation du contenu responsabilise le consommateur ;
  • Une répartition financière juste est possible par la centralisation des téléchargements.

Contrairement à ce qui a été dit, il ne s'agit absolument pas d'une promotion de la Licence Globale mais d'un système purement commercial basé sur une participation volontaire des consommateurs.

Ce document est composé de deux parties. D'abord, la présentation du système de distribution envisagé. Ensuite, ce que l'on peut appeler les « pièces justificatives », ou l'histoire terrible de la rencontre ratée de l'industrie (ou de l'activité qui se prétend telle) de la distribution de musique avec l'Internet.

Il faudra que j'explique pourquoi je ne crois pas à la la Licence Globale. Il faudra aussi parler du piratage en tant que composante de l'écosystème. Plus tard.

Le Phaseur

Update: English translation avalaible at http://jzu.blog.free.fr/index.php?pages/Le-Phaseur

L'airFX prenant trop de place sur le pédalier, il avait giclé au profit d'une wah de base, mais j'avais toujours besoin de cet effet de flange malade qu'on peut entendre par exemple sur Youpi Youpi Yeah (la chanson) - enfin, moins maintenant, mais bon - et, après tout, pourquoi ne pas bricoler un effet numérique ? Il existe déjà une pédale se voulant open source dont le manque de succès est peut-être dû à son prix élevé, dans les $300. On peut baisser les coûts en utilisant un Arduino, par exemple, si on n'a pas besoin de trop de mémoire ni de définition, et puis ça peut être cool d'architecturer soi-même tout le système. Il faut quand même faire un peu d'électronique, et savoir optimiser son code car on ne dispose là que d'un pauvre micro-contrôleur ATmega168 à 16 MHz avec quelques kilo-octets pour le programme et 1 kilo-octet pour les données, y compris la stack. Juste de quoi piloter un lave-vaisselle. Ou fabriquer un effet de déphasage lo-fi.

Arduino

Le déclic est venu d'un article d'Instructables où, même si les effets n'avaient pas trop d'intérêt et s'il s'y glissait deux ou trois erreurs, son auteur, kylemcdonald, posait toutes les bases nécessaires que ce soit au niveau matériel ou logiciel. Ma solution est maintenant un peu différente sous ces deux aspects mais n'aurait jamais vu le jour sans cet article.

En attendant le circuit commandé aux USA, j'ai commencé par tester mes idées de « flange variable » avec Audacity pour valider l'algorithme à employer en décalant un signal de quelques millièmes de seconde et en faisant varier ce décalage. Le colis reçu, on commence le boulot d'intégration avec l'adaptation des entrées-sorties audio. En entrée, il faut 5 volts alors que le signal d'une guitare est de l'ordre de quelques centaines de millivolts. En sortie, c'est l'inverse. Il faut donc un étage d'amplification comme un ampli op (le LT1006 convient pour 5 volts) en entrée et un diviseur de tension en sortie. L'entrée analogique autorise 10 bits mais, pour obtenir une sortie d'une résolution au moins aussi correcte, il faut combiner deux sorties numériques 8 bits en PWM en ajustant les résistances de sortie pour que l'une soit d'une valeur 256 fois supérieure à l'autre. Enfin, on peut obtenir 5 volts à partir de 9 volts avec un régulateur de tension sur un radiateur. Quelque chose comme ça, les parties en pointillés étant optionnelles :

Schema adapatation Phaseur

A posteriori, je vois bien que le circuit d'entrée est buggé et que les filtres passe-bas ne sont pas nécessaires. Mais il a suffit à obtenir du son au bout de quelques essais difficiles, avec le proto du circuit d'adaptation sur un breadboard.

phaseur1.jpg

Les premiers essais avec le prototype complet - dont une vieille pédale italienne nullissime recyclée pour l'occasion - donnent ce sample. Attention aux oreilles sensibles.

Phaseur complet 1

Et finalement, on peut embarquer une version définitive dans la vieille wah. La correction du circuit électronique donne un meilleur résultat du point de vue de la saturation mais le son devient bien moins intéressant malgré le sample and hold involontaire (interférences au niveau du multiplexeur d'entrées analogiques audio et potentiomètre ?)

phaseur8.jpg

Le code du Phaseur, sous licence Artistic 2.0, est rébarbatif et simple en même temps. Rébarbatif en raison de la proximité du matériel qu'aucune librairie n'isole du programmeur (« Cachez ces registres que je ne saurais voir »). Simple car l'algorithme consiste à mélanger l'échantillon courant avec ce qu'on a écrit dans le buffer circulaire juste un peu plus tôt, selon la position de la pédale. Tout se passe dans loop().

À suivre. Car, même si un autre effet est prévu sous Linux avec des possibilités de traitement de qualité CD et de la mémoire a gogo, l'Arduino reste une solution efficace - car sans système d'exploitation - si on se contente de 8 ou 10 bits de résolution. Une fois que l'électronique d'adaptation sera au point et que le son obtenu sera correct, il suffira de décaler l'offset de la polarisation et de monter le gain pour obtenir l'effet cradingue du premier sample qui plaît tant à certains (et terrorise les autres).

FR107

Trouvé dans la rue, une épaisse couche de crasse recouvrant sa peinture au four gris métallisé, il avait une jolie gueule d'appareil de laboratoire.

Love at first sight.

Il s'agit d'un ampli sono ou hi-fi mono datant du milieu des années 50 à vue de nez, avant l'apparition des EL84. Il contient un push-pull de 2 EL41 en polarisation auto, 2 ECC40, 1 EF86 et 1 EZ40A en redresseuse. L'intérieur est assez propre, tous les composants étant montés en l'air sur des barrettes. La plaque arrière indique « Film & Radio », modèle FR107, Paris 15e. Cette marque était celle d'un gros distributeur de matériel audio-visuel disparu dans les années 70, qui faisait également construire des amplis et des baffles.

FR107

FR107 innards

Hop, c'est parti pour une rénovation (et non une restauration, le but étant de s'en servir). Opérations de base :

  • Pose d'un câble secteur avec mise à la terre ;
  • Changement de tous les condensateurs électrolytiques, et aussi de ceux qui n'inspirent pas confiance ;
  • Remplacement des borniers d'entrée et des jacks bizarres de sortie, car les jacks téléphone 6.35 américains n'étaient pas encore standard en Europe à cette époque.

Après avoir tracé le circuit de sortie et en imaginant que les inscriptions .3 et .15 représentaient des valeurs en Ω, ça marche ! La bête revit à travers un HP Marshall de récup recollé au vernis à ongles. Et le voisin vient voir ce qui se passe. Mais ça buzze, ça craque et le son manque terriblement d'aigus.

À partir de ce moment, il faut faire très attention à décharger les condensateurs d'alimentation avec une résistance si on tient à la vie, et à travailler avec une main dans le dos quand le courant est branché. Un des condensateurs dont l'original avait l'air plus récent que les autres, et placé à un endroit suspect, est « relocalisé » et deux potards vraiment trop vieux partent à la poubelle. Toutes les lampes sont remplacées, ainsi que les résistances de cathode. Les craquements sont traqués avec un oscilloscope, un vieux Hameg trouvé sur eBay pour 40 euros ; ils provenaient d'une résistance. Finalement le rapport d'impédance du transfo de sortie est vérifié en injectant un signal sur le secondaire et en mesurant le primaire à l'oscillo (le rapport des impédances est égal au carré du rapport de tensions).

On branche une Rick à single coils sur l'entrée Ligne... Wham, bam, thank you mam, 9 watts de bonheur crunchesque attaquent sauvagement un Jensen P12Q hébergé dans un open back de 50x50x33 en MDF construit entre-temps. Le son reste un petit peu sombre mais rien de rédhibitoire, et il vaut mieux éviter les humbuckers à la TV Jones P'Tron pour ne pas s'embourber. Sur l'entrée Phono, le gain devient massif et la distortion harmonique aussi. Rugissements d'aise.

Il ne reste plus qu'à terminer la finition du caisson dans un tolex crème, corriger la bande passante dans le préampli et peut-être changer le potard de volume, pas assez progressif - ou baisser le gain en entrée.

Coffret Dazibao

Ce coffret devait sortir avant Noël chez Infrastition mais il est retardé à cause d'embrouilles de la SDRM au sujet d'une certaine reprise adaptée en arabe ("Sbar Hab El Khel", alias "Paint It Black"). Bien entendu, une version d'une chanson dans une autre langue que celle d'origine doit être autorisée par les ayant-droits, mais le contretemps est d'autant plus idiot que cette version-là était déjà sortie sur disque il y a 20 ans, ce qui n'avait posé aucun problème à l'époque.

On avait prévu une compilation, c'est devenu l'intégrale de Dazibao. Il y a tout. Et plus encore. À tel point qu'il a fallu 4 CD pour contenir l'ensemble.

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Lucas (à gauche sur la photo) et moi (à droite) y avons passé des jours entiers, lui sur le packaging, moi sur la numérisation avec l'aide de Norscq pour le mastering, pendant que Jamil (au centre) veillait aux finances, et c'est maintenant au tour de Philippe notre ancien manager de régler les problèmes administratifs évoqués plus haut. Merci Philippe...

Alesis airFX

Il y a quelgues années, Warren m'avait parlé de son airSynth qu'il avait acheté pour des queues de cerises car personne n'en voulait. Il m'a donné envie de tester l'airFX, qui est la version effet pour DJ. Mais avec une guitare.

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C'est un de ces engins bizarres qu'Alesis sort régulièrement pour les poubelliser trois ans plus tard. Ici, nous avons un gros socle plat surmonté d'un dôme contenant des capteurs infrarouges permettant de moduler trois paramètres de l'effet sélectionné, selon la position de la main dans l'espace. Il comprend 49 présélections accessibles par l'espèce de grosse molette, non modifiables mais les réglages en 3D compensent un peu cette limitation.

Oooh, on dirait qu'il y a de quoi s'amuser, j'en veux un, j'en veux un... Facile, il n'intéresse personne. J'ai donc eu un des derniers exemplaires chez Thomann, au tarif de déstockage. On en trouve encore aujourd'hui pour moins de 100 € sur la baie et ailleurs.

Il a fallu réaliser l'adaptation à la guitare, d'abord par un petit boîtier contenant 3 jacks (1 in, 2 out) et 2 interrupteurs (mono/stéréo, on/bypass). Au lieu de la main, j'agitais le pied au dessus du dôme - pas pratique - jusqu'à l'arrivée d'un socle en bois. Même après, il fallait toujours se baisser pour actionner l'interrupteur. Solution : un switch fugitif monté sur un pied de meuble, lequel intègre aussi les jacks et des potentiomètres d'adaptation du niveau.

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En groupe, je ne me servais plus que d'un seul patch, une sorte de flanger où le LFO est remplacé par le positionnement du pied au-dessus du dôme.

L'airFX a maintenant disparu de mon pedalboard de scène pour cause de place manquante, remplacé temporairement par une Cry Baby en attendant une pédale numérioue home-made en cours de réalisation qui reproduirait ce fameux flanger. On en reparle bientôt.

Youpi Youpi Yeah...

Youpi Youpi Yeah n'est plus, car Do n'est plus. Do en était le bassiste et surtout le pilier, celui qui lançait les riffs autour desquels toutes les compositions s'organisaient. Il est mort d'une rupture d'anévrisme, le genre de saleté qui peut arriver à n'importe qui n'importe quand.

Do

Dominique Caillerez était aussi un luthier réputé et un magicien du fer à souder. Les cimetières sont remplis de gens irremplaçables mais, dans son cas, je ne vois pas qui pourrait joindre la même expérience en lutherie et la précision insensée avec laquelle il soudait des fils de l'épaisseur d'un cheveu, le tout en lâchant une anecdote, deux blagues et trois calembours. Au delà de la disparition d'un individu exceptionnel, les guitaristes et bassistes qui étaient sûrs auparavant d'une réparation parfaite de leur électronique vont ressentir un grand vide.

Ce sont en fait deux groupes qui ont explosé en plein vol : Youpi Youpi Yeah, donc, où j'officiais à la guitare, et Apologies, un trio où Dimi Dero tenait là aussi la batterie pendant que Sofy Perez chantait et que Do lançait boucle sur boucle pour jouer par dessus, à grands coups de sa Jazz Bass de 65 à travers des fuzz et des Digitech diverses vers un ampli spécialement construit pour lui dans un chassis de radio de tank (huit 6L6 pour 240 watts), et un Roland JC120 pour les aigus.

Vous ne connaissez pas Youpi Youpi Yeah et c'est normal. Il y a eu relativement peu de concerts, généralement confidentiels, hormis une participation au festival All Tomorrow's Parties à Minehead en Angleterre. Aucune campagne marketing, aucun plan media. Le CD était prêt depuis des mois et des mois mais on ne l'avait reçu que le dimanche précédent. Un concert était prévu le lendemain aux Combustibles.

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Putain de bon groupe, disait Dimi. Putain de bon groupe, de l'avis général. Joe Hell était, est, un chanteur hanté, un auteur accompli et un vrai mélodiste, ce qui reste trop rare dans le rock français. À côté, les musiciens (Delphine Thirteen, Jean Zundel, Do, Dimi Dero et Carole Kloo) mettaient à profit des années d'expérimentation - des jam bands au R'n'R en passant par le jazz - pour asséner un rock sombre hors des sentiers battus. L'équilibre entre le bordel créatif des uns et l'exigence des autres donnait un résultat sans équivalent.

Putain de bon groupe, oui.

Heureusement, l'album est là pour le prouver, même s'il aurait pu être plus produit - là, il représente le groupe tel qu'il était et c'est déjà plus que pas mal, et Warren Ellis joue même du violon et de la mandoline sur quelques titres. Heureusement, Do l'a eu entre les mains et l'a rapporté chez lui avant sa disparition. Heureusement, il est maintenant disponible pour tout le monde.

Do, R.I.P. Les autres... carpe diem.

Accès à l'ancien site

L'ancien site est toujours là.

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