jzu - Tag - textesUn peu de tout et de rien, et beaucoup de n'importe quoi2014-03-05T09:25:29+01:00Jean Zundelurn:md5:f3670f93ee9b6d0bf8c4b9dc5ac3c746DotclearConsonnesurn:md5:2d52f3d0bf5a5317ef83e493fb81a2c72012-09-27T11:25:00+02:00jean zundelchansonChuck BerryconsonnesKeith Richardsmusiquetextesvoyelles <p>Reprenons un <a href="http://jzu.blog.free.fr/index.php?post/2011/08/24/Mouvement-des-voyelles">précédent article</a>
où il était question de Keith Richards et
du rôle des voyelles dans les paroles, et qui se terminait par ces lignes :</p>
<i>...il faut aussi porter une attention supplémentaire aux consonnes, plus nettes en
français, selon que le son doit être coulant ou percussif ; mais après l'étape
des voyelles.</i>
</p><p>
<p>Euh... pas vraiment, en fait. Qui a bien pu écrire ça ?</p>
<p>L'expérience, mes jeunes amis, me souffle maintenant à l'oreille que les
consonnes sont au moins aussi importantes que les voyelles. On pourrait penser
que la question se pose moins en anglais qu'en français pour des raisons de
fluidité générale de la langue, et pourtant... Délaissons un instant ce bon
Keith qui nous pardonnera sans peine puisqu'en guise d'exemple, voici une
chanson de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Chuck_Berry">Chuck Berry</a>.</p>
<div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
<iframe class="embedly-embed" src="http://jzu.blog.free.fr//cdn.embedly.com/widgets/media.html?url=http%3A%2F%2Fwww.youtube.com%2Fwatch%3Fv%3DLvKDr8AgvK8&src=http%3A%2F%2Fwww.youtube.com%2Fembed%2FLvKDr8AgvK8%3Ffeature%3Doembed&image=http%3A%2F%2Fi1.ytimg.com%2Fvi%2FLvKDr8AgvK8%2Fhqdefault.jpg&type=text%2Fhtml&schema=youtube" width="400" height="300" scrolling="no" frameborder="0" allowfullscreen></iframe>
</div>
<p>Tout le monde connaît <a href="http://www.lyricsfreak.com/c/chuck+berry/maybellene_20030902.html">Maybellene</a>,
son premier hit en 1955. En fait, tout le
monde en connaît le refrain. Personne ne fait attention aux couplets alors
qu'ils sont exceptionnels, pas spécialement par la profondeur
schopenhauerienne du discours, mais bien par leur forme, par cette succession
de syllabes s'enchaînant sur un tempo de mitraillette. Chaque consonne sert de
petit tremplin pour sauter vers la suivante.</p>
<p>Le sujet lui-même semble évident : la belle infidèle ne se laisse pas
rattraper. Chuck Berry a écrit de bien meilleurs textes
(<a href="http://www.lyricsfreak.com/c/chuck+berry/memphis+tennessee_20640756.html">Memphis Tennessee</a>,
chef-d'œuvre) ; il se contente ici de répéter à la Maybellene en question
qu'elle n'est pas sincère tout au long du refrain. Les paroles du couplet
parlent, elles, des voitures lancées à toute blinde sur une route de campagne.
Mais ce n'est qu'une pièce du puzzle qui n'a en soi rien d'essentiel ; comme si
des paroles pouvaient être essentielles. On ne fait pas dans la poésie, ici,
vous l'aviez peut-être déjà remarqué.</p>
<p>Voici l'essentiel. Sur le couplet, les paroles, la diction, le phrasé, le ton
de la voix et le tempo forment un tout, un ensemble homogène où Maybellene
n'est qu'un simple prétexte, où seules comptent les bagnoles de la
course-poursuite et leurs moteurs à fond de compte-tours.</p>
<p>Le texte utilise bien sûr les techniques habituelles comme l'allitération, etc.
La voix exploite ce texte au maximum, sa succession de syllabes à plein régime,
ce steeple-chase où les consonnes forment les haies. Essayez donc sans
trébucher.</p>
<p>Le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Doo-wop">doo-wop</a> n'est pas la référence ici.
C'est l'héritage du <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Scat">scat</a>, cette musique
qui se sert de la voix comme d'un instrument de percussion, qui est invoqué.
Les consonnes délimitent les syllabes, leur donnent uns forme, anguleuse ou
arrondie, alors que les voyelles leur donnent une couleur. Le phrasé met le
tout en mouvement par l'agrégation des syllabes, leur accentuation, leur
position sur le temps ou à côté, leur attaque.
Pas grand-monde chez nous n'exploite correctement ce concept - encore
faudrait-il seulement y songer - et qui a retenu la leçon de James Brown,
qui a poussé à l'extrême le concept de voix-percussion ?</p>
<p>Bizarrement, les rappeurs français n'en ont eu qu'une notion floue, eux qui
sont censés avoir été nourris au funk. Rares sont ceux qui ont le flow même si
ça s'améliore. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/JoeyStarr">Joey Starr</a>, oui. Il projette plus qu'il ne découpe, ses
rugissements appartiennent au domaine des voyelles, mais qu'il tombe sur une
consonne et il s'en sert comme d'une batte de base-ball, bien calé sur le
tempo pour cogner plus fort. <a href="http://www.youtube.com/watch?v=Dyh4oTPSQ2A">Booba</a>
est un parfait crétin, une petite ordure
ridicule, mais il a compris comment placer les syllabes par rapport au temps,
dessus, en avant ou en arrière. Accessit décerné à
<a href="http://www.youtube.com/watch?v=H_k3T08Cbzs">Sefyu</a>. Les
autres... passent leur temps à se regarder la bite en écrivant des textes d'une
extrême importance... pour eux, dégoisés avec non moins d'importance...
<a href="http://www.youtube.com/watch?v=f3ElUPoJ8nY">Sinik</a>,
<a href="http://www.youtube.com/watch?v=Y7-vP7TnluY">Sexion d'Assaut</a> ?
Non, pitié.</p>
<p>Il y a un mal français, plus que francophone, qui consiste à considérer le
texte d'une chanson comme une fin en soi, se suffisant à lui-même ; à
ignorer l'articulation des paroles sur le rythme et la place des consonnes dans
cette articulation, la dynamique qu'elles engendrent. Au pire, la musique
sous-jacente n'est que prétexte à déclamations sentencieuses, et je ne parle
pas que de <a href="http://www.youtube.com/watch?v=xtmVTfGJUzA">Benjamin Biolay</a>.
Si des syllabes ne collent pas au rythme, elles
sont conservées au lieu d'être plus ou moins accentuées, tordues, changées,
voire supprimées.</p>
<p>Les exceptions existent pourtant. Rares. Un manchot aurait assez de doigts pour
compter les vivants reconnus. Faisant le deuil d'un Chuck Berry ou d'un
Elvis Presley français, en se limitant à ceux qui savent exploiter la langue et ses
articulations, viennent à l'esprit
<a href="http://www.youtube.com/watch?v=VKeI61SW9ak">Francis Cabrel</a> (si : écoutez),
<a href="http://www.youtube.com/watch?v=8r3sZYcWATg">Jacques Higelin</a>,
<a href="http://www.youtube.com/watch?v=8q58wHKYs7s">Catherine Ringer</a> et
<a href="http://www.youtube.com/watch?v=MrLWo2QOsH4">Bertrand Cantat</a>.
J'exagère, bien
sûr. Il y a eu des demi-célébrités, quelques Canadiens, et aussi des gens dont
je n'ai vraiment pas envie de parler. Élargissons aux morts et on y gagne au moins
<a href="http://www.youtube.com/watch?v=-DG_Ugt7GCw">Alain Bashung</a> ;
et à l'ultra-confidentiel d'il y a 30 ans comme les frères Tandy des
<a href="http://www.youtube.com/watch?v=BgVUe_62qRE">Olivensteins</a> et
Joe Hell chez <a href="http://www.youtube.com/watch?v=_xy4kFUGOtk">Oberkampf</a>
(et après, mais toujours dans la plus stricte confidentialité). Bref, pas de
quoi irradier l'inconscient des jeunes générations, ni créer des réflexes
d'écriture et de phrasé.</p>
<p>Autre possibilité : tant mâcher les paroles qu'elles en deviennent
méconnaissables, faire disparaître les consonnes pour retrouver un phrasé proche
par certains aspects de l'anglo-saxon. C'est l'option peu fréquente choisie par
les <a href="http://www.youtube.com/watch?v=vVgKSAuX-rM">Coronados</a> dans le temps (chez qui se
faisait sentir l'influence d'Asphalt Jungle) et aujourd'hui par Adrien de <a href="http://www.youtube.com/watch?v=a8G9IOz6PhE">Zero</a>.
Lui a tout pour sortir de cet underground. On verra s'il réussit en plus à créer
une école mais j'en doute, car le sacro-saint texte devient moins compréhensible,
aïe ! Quel sacrilège !</p>
<p>On dit souvent que le français n'est pas une langue musicale, contrairement à
l'anglais ; prétexte habituel de chanteur anglophone dans un groupe français.</p>
<p>Foutaises.</p>
<p>À ce compte, l'allemand n'est pas une langue musicale car elle est remplie
de consonnes spécialement rugueuses. Mozart en rigolerait
bien, lui avant qui on ne chantait qu'en italien. Inversement, il suffit de
suivre la traduction anglaise d'un livret d'opéra pour démontrer que l'anglais
n'est pas une langue musicale.</p>
<p>Une langue est un instrument, un outil, qu'il faut savoir manipuler, dont on
doit connaître l'architecture, le fonctionnement interne, les particularités.
On doit ensuite en jouer et, malheureusement, c'est du boulot. Il faut
s'accrocher, essayer, rater, analyser la cause du ratage, se former de
nouveaux réflexes de prononciation, comprendre comment fonctionne un
autre outil analogue pour adapter le choix des mots, du phrasé...
Adapter, car une transposition directe est vouée à l'échec
tout comme le serait une traduction mot à mot.
Mais si on donne un outil, quel qu'il soit, sans son mode d'emploi, à un novice qui
ne cherche pas à en comprendre le fonctionnement, les choses ne peuvent
qu'aller de travers. C'est aussi vrai de tout instrument, de toute langue. Il
n'existe pas de langue inadaptée à la musique, il n'y a que des gens qui ne
savent pas s'en servir.</p>Mouvement des voyellesurn:md5:066806d13d20d2f376e7c4407a7b5d592011-08-24T13:15:00+02:00jean zundelchansonKeith Richardsmusiqueparolestextesvoyelles <p>Contrairement à <a href="http://jzu.blog.free.fr/index.php?post/2011/05/24/Peste-Noire">d'autres</a>,
je chante en français pour des raisons qui
n'ont rien à voir avec une quelconque idéologie : je ne vois tout simplement
pas comment être sincère dans une autre langue. Quand on se produit devant des
gens, ce n'est pas que pour distraire l'assistance avec des jolies mélodies
(ou alors on fait dans la pop, la variété, le balloche, mais ce n'est pas le
sujet ; du moins pas le mien). Non, il s'agit de se mettre à nu, de montrer ses
tripes, de provoquer quelque chose dans l'assistance, d'établir une
communication directe avec l'auditeur, qui finisse par transcender la chanson
et son interprétation.</p>
<p>Pas facile pourtant d'écrire en français. Les références manquent. Les
chansons à textes sont rarement plus que cela et Brassens reste un mélodiste
sous-estimé à cause du poids de ses paroles. S'il existe des chansons en
français dont il est possible de s'inspirer, on manque par ici d'un système d'écriture diversifié et cohérent
fondé sur des décennies de chansons locales et importées/assimilées, d'un
répertoire où ce qui est chanté fait partie intégrante de la musique. Et puis
le français est une langue peu accentuée, très articulée, où les consonnes
délimitent précisément les syllabes et où les diphtongues se font rares.</p>
<p>Ce qui nous amène à Keith Richards.</p>
<p>Keith Richards n'a pas que cinq cordes, deux notes, deux doigts et un trou du
cul. Il ne lui a pas suffi de révolutionner la guitare par son emploi du
silence. Il a su écrire des chansons. On a dû l'enfermer à double
tour dans une cuisine pour qu'il y arrive mais il a ensuite enrichi le corpus
dans lequel ont pioché les générations suivantes de songwriters. Il a
<a href="http://jzu.blog.free.fr/index.php?post/2010/10/07/Paroles%2C-paroles%2C-paroles">comme tout le monde</a>
des méthodes d'écriture, l'une d'entre elle étant détaillée
dans un paragraphe de son autobiographie, <a href="http://www.keithrichards.com/life/">Life</a>,
que je traduis ici tellement
je trouve ce concept fondamental et ignoré des auteurs français.</p>
<p><br />
<em>On composait aussi avec le mouvement des voyelles (<a href="http://www.nlm.nih.gov/medlineplus/bowelmovement.html">vowel movement</a>) ; très important pour les auteurs, ça. Les sons qui fonctionnent. Souvent, on ne sait pas quel sera le prochain mot, mais on sait qu'il doit contenir une certaine voyelle, un certain son. On peut écrire quelque chose qui paraît vraiment bien sur le papier mais qui ne contient pas le bon son. Il faut construire les consonnes autour des voyelles. Il y a un endroit où faire</em>
oooh <em>et un autre où faire</em> daaah.
<em>Et si on se trompe, ça sonne merdique. Pas besoin de le faire rimer avec quoi que ce soit â ce moment-là, il faudra trouver la rime plus tard, mais on sait qu'il y a une voyelle donnée dans ce mot. Le doo-wop ne s'appelle pas doo-wop pour rien : il repose entièrement sur le mouvement des voyelles.</em></p>
<p><br />
Quand on revient sur les arguments et contre-arguments de
<a href="http://www.guitariste.com/forums/backstage,paroles-en-anglais-coup-de-gueule,214548.html">ce topic</a>
qui m'a amusé il y a cinq ans, hélas toujours d'actualité, on constate qu'il n'y est jamais fait mention de
l'importance des voyelles dans le texte d'une chanson... Ce n'est pas un
hasard. Cette notion est trop étrangère à la culture française pour laquelle
seul l'écrit est noble, où l'atome est le mot et non le son. Prenez note,
petits scarabées, et pour tenir compte des différences de prononciation entre
les deux langues, il faut aussi porter une attention supplémentaire aux consonnes, plus nettes
en français, selon que le son doit être coulant ou percussif ; mais après l'étape des voyelles.</p>Paroles, paroles, parolesurn:md5:9bb044ccae521b90c327e991838ff0e42010-10-07T12:39:00+02:00jean zundelchansoninspirationmusiqueparolestextes <p>Je reste comme un imbécile devant une page blanche. Il faut trouver un texte
pour une chanson qui promet d'être un tube planétaire, surtout pour la mélodie
du refrain qui est clairement faite pour renvoyer Radiohead, Lady Gaga et les
Beatles dans les limbes de l'oubli collectif.</p>
<p>La chose est certaine.</p>
<p>Si seulement l'inspiration pouvait arriver là, maintenant ; ou demain matin,
pourquoi pas, je ne suis pas difficile. La précédente chanson n'avait pas posé
de difficulté particulière mais, là, c'est l'échec. Or, il paraît qu'il existe
des techniques pour inciter cette inspiration, qui se révèle rarement fille
facile, à nous dispenser ses faveurs. Tout ou presque serait question de
méthode, en commençant par le commencement.</p>
<p><strong>Le titre</strong></p>
<p>Tout le monde le dit : il faut d'abord trouver un titre, et qu'il soit
accrocheur et original. La lecture des titres de journaux et de magazines sera
profitable. Ce titre peut n'être que provisoire et changer par la suite car son
rôle est celui d'un déclencheur.</p>
<p>Il serait bon qu'il se retrouve dans le refrain. Un point en plus s'il comporte
une association de mots inusitée.</p>
<p><strong>Quelques questions</strong></p>
<p>Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Etc. Cette phase des questions, recommandée par
<a href="http://www.robinfrederick.com/write.html">cet article</a> avec beaucoup d'autres conseils repris ici, ne me semble pas très
utile. On peut y passer 5 minutes pour y trouver un angle d'attaque
auquel on n'avait pas pensé au départ.</p>
<p><strong>Liste d'associations directes</strong></p>
<p>Il faut maintenant constituer une liste des termes directement en rapport avec
le(s) mot(s) du titre en prenant une feuille de papier blanc et en écrivant les
termes qui viennent à l'esprit les uns à la suite des autres. Une heure ne sera
pas de trop.</p>
<p><strong>Liste d'associations indirectes</strong></p>
<p>On prend maintenant chaque item de cette liste, et on applique le même
principe en énumérant les mots évoqués par chaque item. C'est la tâche la plus
longue, potentiellement la plus riche aussi. Elle mène à un grand n'importe
quoi où l'on pourra pêcher des idées, les unes évidentes, les autres à la
limite de l'absurde, et pourquoi pas ?</p>
<p><strong>Liste des contraires</strong></p>
<p>Pour chaque mot du titre, on cherche ses antonymes et les idées qui leur sont
directement associées, afin de créer des contrastes.</p>
<p><strong>Liste de synonymes</strong></p>
<p>La tâche la plus fastidieuse. On prend un dictionnaire de synonymes en ligne et
on entre chaque terme de chaque liste pour multiplier les occasions de placer
une idée sous une forme plus adaptée phonétiquement.</p>
<p>Cette collecte d'idées servira à écrire le texte des paroles en servant de son imagination
et des quelques règles édictées ci-dessous. Avant de passer à la construction
des éléments de la chanson, une note liminaire :</p>
<p><strong>Une chanson n'est pas une poésie</strong></p>
<p>Comme ce fait a l'air ignoré de bien des paroliers actuels, je le répète :
<strong>une chanson n'est pas une poésie</strong>.
Oui, en gras, et estimez-vous heureux que le tag
<code><BLINK></code> soit inaccessible sous Dotclear. Plusieurs caractéristiques les
distinguent :</p>
<p>Un texte de chanson existe principalement pour accompagner une mélodie. Sinon,
à mon avis, il vaut mieux écrire des poèmes, des romans ou des articles de
journaux, ou des billets de blog.</p>
<p>En poésie (classique), la rime est importante. Dans une chanson (typique), ce
sont les assonances qui comptent. Par exemple, <em>singe / nage</em> ou <em>moi / noir</em>
peuvent très bien passer dans une chanson selon le contexte et le
phrasé. Inconvénient, les dictionnaires de rimes ne servent à rien. Même chose
en ce qui concerne le nombre de pieds, beaucoup plus variable, mais...</p>
<p>Le rythme est essentiel dans une chanson, et il peut être bien plus varié qu'en
poésie classique où règne l'hémistiche. Les vers d'une chanson doivent
respecter peu ou prou le même motif rythmique, celui qui est donné par la
mélodie.</p>
<p>Les répétitions sont généralement mal vues en poésie. En chanson, pas de
problème (demandez à Louise Attaque). Le procédé est particulièrement efficace
dans un refrain.</p>
<p><strong>Le refrain</strong></p>
<p>Le refrain est une particularité de la chanson. Il en est le pivot, le centre
de gravité,le point nodal, ce que l'auditeur en retiendra à la première écoute.
Il doit donc être accrocheur. Par principe, il se répète dans la chanson et,
encore une fois, la répétition d'un motif est bienvenue à l'intérieur de ce
refrain, contrairement à ce que l'on peut lire ici et là.</p>
<p>Il reprendra le titre, si possible. Si d'ailleurs ce n'est pas le cas, on peut
envisager de changer celui-ci.</p>
<p><strong>Les couplets</strong></p>
<p>La construction d'un couplet obéit à des règles beaucoup moins définies que
celles du refrain. En gros, on fait ce qu'on veut dans le cadre du rythme de la
mélodie et en respectant les assonances.</p>
<p><strong>Le pont</strong></p>
<p>Il s'agit d'une rupture dans la séquence couplet-refrain qui intervient
typiquement aux 2/3 du morceau. On en distingue de deux types. Glissons sur le
premier, instrumental, car il ne concerne en général que les soi-disant
guitar-heroes pour qui l'heure de gloire est arrivée. En revanche, quand il est
chanté, le texte doit refléter cette rupture. C'est le moment d'une révélation
ou d'une apogée dramatique après laquelle l'orientation de la chanson aura
changé.</p>
<p><strong>La structure</strong></p>
<p>Pendant l'écriture de ces divers éléments, la chanson se construit
d'elle-même selon ce qu'on y raconte et l'ampleur de la logorrhée à laquelle
on aboutit. Un grand nombre de motifs est possible, certains se retrouvant plus
fréquemment que d'autres.</p>
<p>Le cas trivial est couplet - refrain - couplet - refrain - etc. que l'on peut
noter ABAB. Un autre, classique, ressemble à : couplet - couplet - refrain
- couplet - refrain - pont - couplet - refrain, noté AABABCAB.</p>
<p>Mais là aussi, on peut faire ce que l'on veut.
<a href="http://www.youtube.com/watch?v=ydz5BLxepu0">Some Candy Talking</a> de The
Jesus And Mary Chain commence par un long couplet assez varié, passe à un court refrain
qui n'est que le titre répété suivi d'un solo, débouche sur un couplet différent et termine sur le refrain. Et ça
fonctionne.</p>
<p>On peut encore compliquer l'affaire avec un troisième thème musical induisant
des textes construits sur un rythme différent. Ou une introduction pour le
morceau, qui peut être chantée voire parlée, ainsi qu'une introduction au
refrain dont on pourra se servir pour aérer un éventuel long ensemble de
couplets au début.</p>
<p>Cependant, ces passages sont souvent instrumentaux, justement pour aérer
l'ensemble. Cela permet aussi au chanteur de soigner sa pose inspirée /
torturée tout en localisant l'endroit exact de la bière qu'il lui faudra aller
chercher dans le noir à la fin du morceau sans en renverser sur les wedges de
retour.</p>
<p><strong>Go, Johnny, go</strong></p>
<p>Ces travaux préparatoires effectués, il ne reste plus qu'à faire preuve de
génie. Pour toi, estimé lecteur, je ne doute pas que ce soit très simple. Pour
moi... je reste comme un imbécile devant ma page blanche... car en bonne
capricieuse qui n'en fait qu'à sa tête, aucun raisonnement, aucune astuce ne
convaincra l'inspiration de venir faire un petit tour, et plus si affinités, si
elle n'en a pas envie.</p>